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les enveloppemens d’une atmosphère qui vibre et caresse et chauffe épanouissent les êtres comme les plantes, favorisent dans les uns comme dans les autres les sèves expansives et complètent le bonheur d’être. A Lyon se joignent, se fondent et s’équilibrent les climats et les dons du Midi et du Nord. Son ciel connaît l’azur étincelant et embrasé, mais aussi les rigueurs sombres et pluvieuses qui font précieux le foyer et l’existence intérieure ; un peu de cette ombre et de ce froid se répandent sur les caractères, forment des natures prévoyantes et closes, mettent de la gravité jusque dans le plaisir. Ces contrastes de tempéramens ne font pas obstacle à la ressemblance des mœurs, quand il s’agit des obligations essentielles, imposées par la conscience et comme elle indépendantes des temps et des lieux.

Aux deux régions, aux deux villes, appartient la famille-type des Bergasse. L’homme qui fît entrer ce nom dans l’histoire, Nicolas Bergasse, l’avocat retentissant contre l’arbitraire de l’ancien régime, le député désillusionné de la Constituante, l’adversaire doctrinal de la démagogie, le conseiller éphémère de l’empereur Alexandre Ier et le fidèle importun de la Restauration était Lyonnais. Son père tenait par ses origines au comté de Foix ; il avait continué à Lyon la fécondité de la race et donné à Nicolas huit frères ou sœurs. Nicolas, malgré son mariage en pleine Terreur[1], joli et pur chant d’amour jeté à la tempête, mourut sans postérité et fournit un argument de plus à cette opinion que les grands enfanteurs d’idées sont de moindres enfanteurs d’hommes. Mais un de ses frères, fixé dès 1775 à Marseille, eut sept enfans ; l’un d’eux, son principal continuateur, en eut neuf, et parmi ceux-ci deux surtout, Alexandre et Henri, vivent dans la mémoire des contemporains. Henri, l’aîné, mort en 1901, eut huit filles ; Alexandre, qui vit encore à 87 ans, eut cinq fils et quatre filles. Des filles élevées par Henri, deux sont devenues religieuses ; une, de son mariage avec un Perrier de Revel, a eu six enfans ; une, de son mariage avec un Sordet, quatre ; une, de son mariage avec un Gailhard-Bancel, dix ; une, de son mariage avec un Montroë, cinq. Des fils d’Alexandre, le plus prolifique a eu cinq enfans, mais parmi les filles, l’une devenue une Bovis a eu cinq enfans, l’autre devenue une Mauléon a eu onze enfans dont six fils. Quelle conformité

  1. Avec Félicité du Petit-Thouars.