Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 42.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Alliances du Roi avec le Turc et autres, justifiées contre les calomnies :


Peut-on ignorer que de cette alliance avec le Turc ne résulte un très grand profit non seulement aux Français, mais à tous les chrétiens ? Ceux qui, par une malice diabolique, blâment cette alliance, pourraient-ils nier qu’ils n’en reçoivent beaucoup de bien ? N’est-ce pas en considération de nos seuls rois que tant de chrétiens vivent et font exercice de leur religion es pays du Grand Turc, que le Saint-Sépulcre y est conservé et visité par tant de pèlerins ?


Ces exposés de M. de Brèves, du Père Joseph, projettent une belle lumière sur le mélange d’idéalisme religieux et de sens des réalités politiques qui distingua ces âmes de diplomates catholiques : ils nous permettent de ressaisir, sous les ondoyantes diversités des méthodes et sous l’apparente contradiction des politiques successivement possibles, une réelle et profonde, continuité d’esprit, et véritablement une suite, dans l’action religieuse de l’ancienne monarchie française. Un jour de 1673, le crieur public descend dans les rues de Paris, pour annoncer le succès des négociations que l’archéologue Nointel vient de conduire à Constantinople, de la part de Louis XIV. Et voici ce qu’il proclame : « Renouvellement de l’alliance du Grand Seigneur avec le Roi et rétablissement de la religion catholique au Levant. » Les deux faits sont criés comme étant connexes : l’amitié de la France avec le Croissant se flatte d’être un avantage pour la Croix, et elle le prouve.

Tout le long du grand siècle, le roi de France, — « le plus parfait ami, » comme disait le Sultan, — manœuvre auprès de Sa Hautesse pour avoir un consul à Jérusalem : en 1713, ce consul s’installe, il n’en bougera plus. La fin du XVIIIe siècle est tragique : il n’y a plus de roi de France. M. de Herbert Ratkul, internonce impérial, s’agite beaucoup, au nom de l’Empire d’Allemagne, pour faire transférer à son maître les prérogatives de la monarchie défunte ; à Rome, le préfet de la Propagande demeure froid, il a encore confiance dans la France. L’Espagne, aussi, songe aux chrétiens de là-bas ; elle est toute prête à les protéger à son tour, et le fait savoir au Directoire ; le Directoire refuse. Il n’y a plus de roi, mais la France reste.

En 1796, elle a pour représentant à Constantinople Aubert-Dubayet : à la demande du Père Hubert, préfet apostolique des