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eux-mêmes au moyen de la T. S. F., torpilleront tout ce qui passera à leur portée. Au point de vue militaire, la conception de l’amiral répondait, autant qu’il était humainement possible, aux ordres qu’il avait reçus. « Sans doute, a écrit le capitaine de frégate Vindry, son très distingué chef d’état-major, notre force navale ne pouvait guère s’opposer victorieusement au passage de la flotte allemande, ni même d’un détachement de croiseurs modernes. Mais il apparaissait clairement qu’un geste de sacrifice était demandé, dont les conséquences pouvaient être grandes. Au surplus, l’action de nos sous-marins permettait d’escompter une pénalité sévère pour les bâtimens ennemis pénétrant dans une mer étroite. »


LE DISPOSITIF ANGLO-FRANÇAIS

La fin de l’après-midi se passa à faire le serpent entre Gris-Nez et Dungeness, à la vitesse de 10 nœuds, toutes les vigies explorant l’horizon du côté d’où pouvaient surgir les Allemands. Vers six heures du soir, la Jeanne d’Arc, toujours en éclairage, signale 19 destroyers britanniques sortant de Douvres et faisant route vers le Nord, sans que rien permette de deviner leurs intentions. à A la nuit tombante, relate l’enseigne de vaisseau Meunier-Joannet, nous rencontrons la malle de Boulogne, qui paraît plus bondée et plus pressée que de coutume. Elle est pleine de Français allant rejoindre leurs régimens. Ils nous ont acclamés et l’équipage a répondu par des hourrahs. Puis ceux de la malle ont chanté la Marseillaise. Toujours pas d’ennemi en vue. »

Arrive l’heure de prendre les dispositions pour la nuit. Devenant inutiles pendant l’obscurité, les sous-marins regagnent leurs bases, relevés par les 1re et 2e escadrilles de torpilleurs auxquels se joint la flottille de Dunkerque. En cas d’attaque, leur rôle sera de se replier sur les croiseurs, dont la ligne est reportée en deçà du détroit, et de profiter du moment où l’ennemi se trouvera engagé avec eux pour foncer dessus. La Jeanne d’Arc a repris sa place dans le rang, et la fin doit toujours se dérouler comme il a été dit ci-dessus. « D’une heure à l’autre toute l’escadre allemande débouchant de la mer du Nord peut, si les Anglais n’interviennent pas, tomber sur nos croiseurs antiques et nous envoyer par le fond avec le