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an XI (24 avril 1803), le mariage du général Charpentier : c’est un brave homme qui a plus de solidité que de brillant, c’est un homme sûr. Je désirerais bien, mon général, que vous lui donniez le grade de général de division pour son cadeau de noce. Je regarderais cette faveur comme une marque nouvelle de l’intérêt et de l’estime que je sais que vous me portez. » Charpentier ne l’obtint qu’un an plus tard, le 26 fructidor an XII (46 février 1804) ; tout de même, — était-ce pour Aubert-Dubayet, Carra Saint-Cyr, Charpentier ou Constance ? — le Premier Consul, Joséphine, Hortense, la plupart des généraux présens à Paris, Gouvion Saint-Gyr, Junot, Lefebvre, Soult, les deux consuls et les ministres signèrent au contrat. La noce eut lieu à Maisons où les Saint-Cyr avaient une jolie habitation et Mme Louis y dansa tout son soûl, — elle s’en souvenait deux ans plus tard. Cette résidence suburbaine (quatre lieues de Paris) n’était pas sans compliquer la vie, car Mme Saint-Cyr n’en perdait ni un bal ni un diner, et Saint-Cyr n’en était pas moins assidu à son devoir ; c’était affaire de temps et de chevaux.

A peine quelques jours donnés à la lune de miel, Charpentier et sa petite femme partirent pour Milan. A la vérité, ils devaient s’arrêtera Grenoble où habitait la famille paternelle et maternelle de Mme Dubayet et faire ainsi le voyage de noces de l’ancien temps, celui qui avait pour objet la présentation et la visite obligatoire aux parens et aux amis des deux familles.

Mme Saint-Cyr, dès le 23 floréal (13 mai 1803), s’empresse d’écrire à sa « bien chère petite fille » pour lui donner des conseils, lui faire des recommandations, l’exhorter à devenir « une femme intéressante et agréable ; » elle invite ses seize ans un peu futiles à des lectures instructives. Mais à la mère le monde fait assez de bruit pour qu’il en fasse presque autant à la fille. « Depuis ton départ, ma chère Constance, écrit-elle, Saint-Cyr m’a fait aller et venir sans cesse. Je partis samedi soir. Le lundi, nous fûmes déjeuner chez le général Soult, à sa campagne[1]. Au retour, je m’arrêtai à Saint-Cloud, mais on était à Malmaison. Je revins ici mardi et mercredi soir, je retournai à Saint-Cloud où il y avait assemblée assez

  1. Villeneuve-l’Étang.