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et nous ; il a duré jusqu’à une heure du matin ; lundi, je me suis donné pour la première fois la connaissance du bal masqué de l’Opéra ; j’étais en domino noir, mais le peu d’habitude que j’en ai m’a fait n’oser parler à personne. Il m’a beaucoup amusée ; je me suis retirée à quatre heures du matin.

« Le voyage de l’Impératrice est incertain depuis deux jours ; celui de l’Empereur est très prochain.

« La même incertitude règne toujours dans les idées pour savoir qui sera roi de Lombardie. Vous seriez bien étonnés si on vous donnait le prince Eugène[1]… »

Mme Saint-Cyr a été calmée par la lettre du général Charpentier, elle ne parle plus de ses griefs contre sa fille. Elle s’en va, malgré la saison, s’établir pour quelques jours à Maisons où elle imagine de faire des travaux pour mieux vendre sa campagne. De là, elle écrit le 22 ventôse (13 mars) : « J’ai eu hier la visite de Mmes de Lagrange mère et fille. Elles arrivèrent à midi et repartirent à cinq heures. Ma collègue m’annonça que Mme Murat avait grande envie de revenir sur le congé qu’elle avait promis de me donner, lorsque j’en voudrais faire usage, parce que Mme Saint-Martin venait d’en demander un aussi pour aller voir sa famille et chercher ses enfans en Piémont. La princesse trouve que deux dames absentes en même temps, c’est trop ; comme, je suis de semaine dimanche, Saint-Cyr traitera cela pour l’avantage de tous. On dit toujours que le voyage de l’Empereur est retardé. Ce qui le prouverait, c’est que l’on parle de deux cercles, un dimanche prochain et l’autre le dimanche faisant quinzaine. A ce dernier, les robes de velours ne seront pas admises.

« Les dames qui doivent accompagner l’Impératrice sont désignées : ce sont d’abord Mme de La Rochefoucauld, Mmes d’Arberg et Mme de Serrant[2], Mmes Lannes[3]et Savary iront avec leurs maris, mais non pas comme étant de service. Tu verras au moins une de tes anciennes camarades. J’imagine que tu auras le temps de me dire si tu veux que je t’envoie une robe

  1. Vice-roi d’Italie le 7 juin 1805.
  2. Charlotte-Élisabeth-Maric de Rigaud de Vaudreuil, veuve du conventionnel d’Izam de Fraissinet, mariée en 1793 à Antoine-Joseph-Philippe de Walsh de Serrant, maréchal de camp en 1784, dame du palais de l’Impératrice.
  3. Louise-Antoinette-Scolastique Guéhéneuc, mariée le 15 septembre 1800 au général Jean Lannes, divorcé de Jeanne-Jacqueline-Barbe Méric, dame du palais de l’Impératrice.