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parle d’une fête donnée à l’Empereur pour dimanche prochain. C’est moi qui serai de service. En voilà bien long sur ce chapitre.

« J’ai attrapé un bon rhume de cerveau. S’il me tombe sur la poitrine, j’en aurai pour tout l’hiver. J’ai oublié de te dire que nous avons accompagné la princesse, vendredi dernier, chez le Pape. Il ne nous a pas donné de chapelet. »

Peut-être a-t-il manqué là une occasion de convertir ces dames, car pas une fois, dans les lettres de Mme Saint-Cyr à sa fille, il n’est question de morale, de culte ou de religion et pour la nièce d’un évêque, même constitutionnel, cela est peu.


Il faut attendre au 28 frimaire (19 décembre) pour que la conversation reprenne. « J’étais de service la semaine dernière, écrit Armande, et toutes mes journées ont été employées de manière à n’avoir pas un moment à moi. Voici comment : le lundi nous eûmes une réception de tous les princes étrangers, et pour cela il fallut être prête, c’est-à-dire parée à midi. Nous fûmes sur nos jambes jusqu’à cinq heures. Nous dînâmes à la hâte et, à sept heures, j’accompagnai la princesse Caroline aux Tuileries ; je rentrai chez moi à onze heures. Le mardi, il n’y eut rien d’extraordinaire, mais je restai là toute la journée. Mercredi, je m’y rendis le matin comme de coutume ; le soir, nous fûmes toutes ensemble au bal du ministre de la Guerre. Les princes et princesses Joseph, Louis et Caroline y furent. Ce bal a été superbe ; il n’y manquait que ma bien-aimée. Il dura fort tard et nous ne nous retirâmes qu’à trois heures du matin. Le jeudi, je dînai avec ma princesse et toute la famille chez le prince Joseph, au Luxembourg. Le vendredi, il a fallu être prête et parée à midi, pour être présentée à S. M. l’Impératrice comme attachée à la princesse Caroline. Les présentations sont courtes, et, dans le peu de temps que j’ai eu à lui parler, c’est de toi qu’elle m’a entretenue. Elle m’a demandé de tes nouvelles, si tu te plaisais en Italie, si tu ne reviendrais pas, etc. Le soir, il y avait, chez Mme Murat, soirée et bal donné à l’Empereur. Il y vint effectivement, il dansa une contredanse et se retira à dix heures. Après quoi on soupa, on dansa jusqu’à minuit et peu à peu chacun défila, et je me retirai chez moi à une heure. Le samedi, je n’eus qu’à me rendre chez la princesse où je restai jusqu’à