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place qu’il occupe, mais lui obtenant un congé. Il m’a paru que cela pourrait avoir lieu… Je restai une bonne heure chez Mme Murat ; je ne parlai de rien d’essentiel parce que Mme de Rocquemont[1]ne nous quitta pas d’une minute. La princesse me dit que nous t’enverrions la gravure des robes de cour, que cela t’amuserait. Le costume est décidé, on y travaille beaucoup à Saint-Cloud, Mme Germond et beaucoup d’autres femmes.

« Je ne suis pas encore bien au courant des modes. Il m’a paru que les tailles se portent longues. Pour le matin, en grand négligé, ce sont de grandes capotes de percale ; autour du col des fraises d’organdi empesé, plissé à coquilles si la robe monte haut. Si non, ce sont des fichus de même. Je t’enverrai un des bonnets de chez Mme Despaux qui me plaisent beaucoup. Ils sont de soie torse. C’est une espèce de filet élastique. C’est très joli. Le mien est jaune. Je crois que je le prendrai de même couleur pour toi. En parure, on porte beaucoup de fleurs, non avec des guirlandes, mais des tiges qui s’arrangent sur la tête, feuille par feuille. »

Le 4 thermidor (23 juillet) elle écrit, toujours de Maisons : « Pour moi, je suis souvent seule parce que Saint-Cyr est dans l’obligation d’aller souvent à Paris et que, n’ayant pas encore d’appartement, je préfère rester ici plutôt que de rue nicher dans un hôtel garni. Cela est cause que je n’ai fait que les visites d’absolue nécessité et que je n’ai vu personne que Mme Murat., L’Impératrice est partie hier pour Aix-la-Chapelle où elle va prendre les eaux, ce qui me dispense de Saint-Cloud pour quelque temps. Ce voyage ferait croire que celui de l’Empereur se prolongera. On parle beaucoup de la descente et on prétend que tous ceux qui doivent en être ont reçu ordre de partir et n’ont eu que six heures pour leurs préparatifs. Le ministre de la Guerre est parti avant-hier au soir. La formation des maisons princières est donc remise à plus tard : mais Mme Murat ne la perd pas de vue. » « Tu sauras, écrit Mme Saint-Cyr le 7 thermidor (26 juillet), que Saint-Cyr a vu il y a trois jours Mme Murat qui lui dit que je devais aller passer quelque temps chez elle (à ma première visite elle m’y engagea fortement), qu’un de ces jours elle m’écrirait à ce sujet. Ainsi je m’attends

  1. Mme de Rocquemont est gouvernante des enfans de Mme Murat. Elle les suit à Naples et parait y être restée jusqu’en 1815. Elle appartenait selon toute vraisemblance à la famille Hecquet de Rocquemont, honorablement connue à Abbeville.