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minutieusement préparées, et combien plus encore si nous envisageons la guerre de mouvement ! Nous reverrons alors l’insécurité des premières formations, l’intensité du labeur, la lenteur des transports. Et la chirurgie antiseptique apparaît seule alors capable de prévenir le retour de ces vraies épidémies de plaies gangreneuses et infectées que l’on vit en 1914.

La solution de Mencière est dans ces conditions un produit efficace, d’une innocuité démontrée, que les infirmiers eux-mêmes peuvent utiliser sans crainte, facile à manipuler, stable, à action antiseptique durable et d’application générale.

Telles sont les qualités sur lesquelles fortement et justement insiste le médecin-inspecteur Nimier, et qu’ont pu constater tous ceux qui ont employé le procédé Mencière ou en ont, comme l’auteur de ces lignes, constaté les résultats.

Si j’ai cru devoir décrire avec quelques détails la méthode de traitement des plaies du docteur Mencière, c’est qu’il y a à mon avis un intérêt immédiat et élevé à la faire connaître et à la répandre parmi nos praticiens de guerre. D’ailleurs, elle est dès maintenant officiellement préconisée, — après combien de difficultés et d’avatars ! — par les chefs techniques de notre service de santé.

A l’heure qu’il est, parmi les procédés expérimentés à l’avant pour juguler précocement l’infection avant la large intervention opératoire qui s’impose ensuite, l’antiseptique Mencière est sans doute celui qui a donné les résultats les plus satisfaisans. Cela s’explique très bien ; si on le compare, par exemple, au procédé Vincent, qui est d’ailleurs un procédé excellent, et pouvant rendre de grands services, on constate qu’il a sûr celui-ci l’avantage, d’une part, de comporter des substances chimiquement bien plus stables, d’autre part et surtout, grâce à son véhicule liquide, d’avoir un contact forcément plus complet avec tous les points infectés de la plaie, et de moins risquer de laisse inviolés certains centres de résistance infectieuse.

Sans égal, jusqu’ici, parmi les méthodes de désinfection de l’avant, de Mencière, si on considère au contraire le cas des blessés hospitalisés à l’arrière, fait encore honorablement figure à côté de l’admirable méthode de Carrel.

Et c’est pour cela que je me suis cru fondé à dire que ces deux méthodes constituent actuellement les deux conquêtes les plus éclatantes et les plus fructueuses de notre chirurgie de guerre.


CHARLES NORDMANN.