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crois, — bal, pendant lequel les conjurés arrivent avec leurs signes de ralliement. Ce qui n’était qu’au dernier acte peut arriver ici : Helena veut tuer Montfort ; Henri se jette au-devant de son père ; les conjurés sont arrêtés, et, lui, passe pour un traître, un infâme.

Au quatrième acte, la plus belle situation de l’ouvrage, suivant Verdi : on mène les conjurés au supplice ; Henri qui jusque-là a refusé d’appeler Montfort son père, se précipite à ses genoux : Ah ! tu l’aimais donc bien !

Montfort, qui est généreux, non seulement pardonne aux conjurés qu’on amène, mais encore il est bon père ; comme il sait l’amour de son fils pour Helena et l’amour d’Helena pour son fils, comme il veut éteindre autant que possible les haines entre Français et Siciliens, il déclare qu’il veut unir son fils avec Helena. Helena, quoique adorant Henri, refuse avec indignation, justement parce que Henri est le fils de Montfort ; et Montfort entend que ses ordres soient exécutés. C’est là le final du quatrième acte.

Le cinquième s’ouvre par un duo entre Helena et Procida. Procida lui ordonne au nom de la patrie, au nom de ses projets, de consentir au mariage avec le fils de Montfort. Étonnement, hésitation d’Helena. Il le faut, il le faut. Procida annonce à Montfort et à Henri, ou Luidgi, enchanté, qu’Helena consent. Ravissement de celui-ci. Ordre donné de tout préparer pour ce mariage, ce soir même, à l’heure des vêpres. Les Français en habit de gala et sans armes se livrent sans défiance à leurs ennemis. Toutes les portes du palais sont ouvertes, les fêtes pour le mariage commencent.

Helena, pâle et tremblante, arrive en habits de mariée et accuse Procida de la contrainte qu’elle éprouve. « Ne crains rien, dit Procida, tout est préparé, tout est convenu : au moment même où ce mariage aura lieu, au moment où tu diras oui et où sonneront les cloches de ce mariage, tous nos cour jurés armés se précipiteront sur les Français sans armes et les massacreront, à commencer par Montfort, à commencer par ton époux qui n’aura pas joui longtemps de ce titre. » Cri d’indignation d’Helena : « Jamais ! » — Il n’est plus temps d’hésiter : voici les Français.

Montfort et son fils arrivent, élégans et parés, suivis d’une cour brillante. L’archevêque de Palerme vient pour bénir les