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relations des peuples, soit exercé avec une liberté sans limite. Nous repoussons la conception de l’isolement économique et même de toute lutte économique des États entre eux. »

Enfin, pour couronner et consacrer cette campagne de mots et d’écrits, le Reichstag allemand, dans sa mémorable séance du 19 juillet 1917, d’où les illusionnistes ont espéré voir sortir quelque caricature du parlementarisme, mais d’où n’est sorti en effet que… M. Michaëlis, le Reichstag a voté par 214 voix de gauche et du centre catholique, contre 110 conservateurs et nationaux-libéraux, une résolution où, pour éviter les engagemens trop étroits, toutes les questions sont habilement mêlées et résolues du même coup, mais où perce la même inquiétude qui agite désormais les Allemands de toutes classes et de tous partis : « L’assemblée poursuit une paix à l’amiable, aboutissant à la réconciliation durable des peuples. Les actes de violence politiques, économiques et financiers sont incompatibles avec une pareille paix. Le Reichstag repousse également tous les plans tendant à un boycottage et à des interdictions économiques après la guerre. Seule une paix économique, avec la liberté des mers, après la cessation des hostilités, permettra aux peuples de vivre ensemble dans des relations économiques durables. »


IV

Si nombreuses et si longues qu’elles aient été, ces citations étaient indispensables pour ne point forcer ni trahir la pensée de l’ennemi, et pour dévoiler la réalité dans toute sa nudité. Elles se résument dans ces quelques lignes de la Gazette de Francfort de l’été dernier : « Les deux tiers du monde ont pris les armes contre l’Allemagne. Dans ces conditions, toute paix qui nous rendra le statu quo territorial, l’indépendance et la liberté de développement sera une paix honorable pour l’Allemagne. » Et c’est cette paix que le Vatican a faite sienne dans sa note d’août, si bien qu’à mesure que se déroule la crise et qu’on se rapproche du dénouement, nous en revenons précisément à notre point de départ : la question essentielle, la question primordiale, qui se débat avec le sang de nos enfans, c’est celle de l’avenir économique de l’Allemagne et, partant, de l’univers.