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d’eux, n’ont jamais trouvé que c’était trop. Mais, aujourd’hui, la Suède se fâche, et elle le dit dans ses élections. Elle le dit à son gouvernement, et, s’il le faut, elle le dira à d’autres. Elle s’indigne qu’on ne lui offre, après l’avoir compromise dans une aventure déshonorante, que des excuses du bout des lèvres pour « les désagrémens » que la publication de M. Lansing lui a causés.

Ainsi remontent du passé les vieilles scélératesses, et tout se paie. En arrivant au ministère, M. de Kühlmann, ayant vu de ses yeux que l’Empire n’avait plus une faute à commettre, plus une sympathie ou une indulgence à perdre, s’est efforcé d’inaugurer cette école toute nouvelle, une diplomatie allemande aimable. Mais avant lui, le plus spirituel des Allemands, M. Zimmermann, avait semé, de par le monde, trop de témoignages de son savoir-faire ; et, dans le bureau voisin du sien, il retrouvait M. Haddenhausen qui, assure-t-on, s’était appelé, à Bucarest, M. von den Bussche, — le von den Bussche des caisses d’explosifs et de microbes. — Ces torpillages moraux ont « laissé trop de traces. » Guillaume II a dit que l’Allemagne avait fait la guerre lorsqu’elle s’était sentie « encerclée » de jalousie. Elle fera la paix lorsqu’elle se sera sentie encerclée de mépris.

Cela commence. Le ton de la réponse à la Note pontificale s’en ressent. Chacun des deux complices plaide, selon son talent et sa position, les circonstances atténuantes. L’empereur Guillaume jure hypocritement : « Je n’ai point voulu ce carnage qui me désole. » L’empereur Charles gémit : « Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas ne ? » Ce sont des agneaux. L’un cherche à attendrir le Souverain Pontife, l’autre à enguirlander le cardinal secrétaire d’Etat. Mais ils ne seront vraiment touchés de la grâce que sous la baguette du Grand Pénitencier.


CHARLES BENOIST.

Le Directeur-Gérant, RENE DOUMIC.