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rendre à cette partie de la France une existence régulière et normale. Nous nous sommes mis tout de suite à la besogne, en réglant, dès le 25 mars, la division provisoire de la zone au point de vue des affaires civiles. Le but à atteindre, c’était d’aider l’autorité civile à rendre au pays reconquis son cadre social, administratif, économique. L’armée s’est employée à cette œuvre par tous les moyens en son pouvoir. Elle a fait de l’organisation en marchant…

— Système Lyautey ?

— Parfaitement. Les leçons du grand maître sont présentes à notre esprit. Plusieurs d’entre nous, ayant eu l’honneur de servir sous ses ordres, n’ont qu’à s’inspirer de ses exemples. Vous aurez une idée de la complexité du problème qui s’offrait à nos efforts, quand je vous aurai dit que nous avons dû classer d’abord par un triage nécessaire les réfugiés étrangers au pays, et qui ne pouvaient y trouver leur subsistance ; assurer ensuite le ravitaillement des habitans restés sur place ; enfin, prendre dans les communes encore habitées toutes les mesures de police et d’administration prévues par les règlemens ou commandées par cette situation exceptionnelle. Au chef-lieu de chacun des secteurs que nous avons circonscrits en suivant, autant que possible, le tracé des anciennes divisions administratives, réside un officier supérieur qui dépend directement de l’armée, et qui est en rapports permanens avec les autorités civiles. Ce délégué de l’armée assure la subsistance de la population jusqu’à ce que l’autorité civile soit en mesure de pourvoir au ravitaillement. Assisté d’un délégué de la préfecture et de plusieurs officiers chargés du triage des évacués, de l’expertise agricole ou des précautions sanitaires, disposant des moyens de transport ou de liaison que peut lui fournir l’armée, il traite les affaires civiles au nom de l’autorité préfectorale. Dès que cette autorité trouvera le moyen d’assurer le règlement des affaires, l’officier supérieur, délégué dans ces fonctions temporaires d’administrateur de territoire, restreindra progressivement son action, mais il restera sur place, étant, au point de vue militaire, major de cantonnement. Nous avons voulu éviter toute complication et adopter, en tout, les solutions les plus simples et les plus pratiques.

— C’est toujours le système Lyautey.

— J’insiste, reprit mon obligeant interlocuteur, sur les