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AUX
RÉGIONS DÉVASTÉES

II
LES RENAISSANCES [1]

Aux régions méthodiquement dévastées par les Allemands, il est arrivé que, plusieurs fois, les arbres, sciés au ras du sol, tout près des racines, et renversés par un coup de vent après la retraite des Barbares, tenaient encore, par une dernière fibre, à la terre nourricière où s’alimentait, comme à une source cachée, leur vie profonde. Blessés méchamment, atteints jusqu’aux moelles par une espèce de chirurgie meurtrière, mais encore animés par un reste de sève, ils s’obstinaient à ne pas mourir. Leurs branches, étendues sur la glèbe natale, dans l’herbe renouvelée par le cours régulier des saisons, sous le ciel illuminé de clartés neuves, ont refleuri au printemps dernier. Cette floraison merveilleuse et quasi surnaturelle, n’était-ce point l’annonce des renaissances prochaines, une première réponse aux abominables desseins de nos ennemis, qui avaient cru abolir pour toujours, dans le tragique décor d’un pays ravagé par leurs exécrables méthodes, le travail et la vie ? Le printemps et l’été de 1917 se sont épanouis sur des arbres abattus, sur des ruines qui déjà se relèvent, en des âmes qui renaissent à l’espérance…

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.