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Cas isolés, dira-t-on. Beaucoup moins qu’on ne pense. A côté, il y a les actes collectifs. C’en est un, certes, que la création de ces « Hollande-France, » comités fondés un peu partout dans les Pays-Bas pour répondre au comité « France-Hollande » de Paris, et pour faire passer la sympathie pour la France, de l’état platonique à l’état pratique. La brochure publiée, hier, par le « Comité exécutif de Nederland-Frankrijk, » sous la triple signature de notre grand ami J.-J. Salverda de Grave, du pasteur J.-L. Pierson, et de J. van der Elst, professeur au lycée libre de Groningue, est un acte singulièrement précis, en ce qu’elle met tous les points sur les i, pour ce qui concerne la diffusion possible, certaine, du livre français en Hollande, pour peu que nos éditeurs consentent à secouer l’antique routine[1]. L’organisation de la Ligue des pays neutres, ligue pour la défense des droits des neutres contre les entreprises de la force, dont nous avons vu les premiers et très dignes manifestes, est un second acte. Et un certain Club des patriotes, qui s’ébauchait en mars dernier, en promettait un troisième. En marge, si les Alliances françaises savaient faire partout ce qu’elles peuvent faire, leur tâche serait mieux opérante. Quand on pense à tout ce qu’a pu faire un seul pasteur wallon, à Amsterdam ; à ce journal, le Foyer wallon, qu’il dirige et rédige encore du front où il se bat, et à cette petite maîtrise, dirigée par une femme de talent et de cœur[2], qui salua un jour notre entrée dans l’école par un chant admirable de la Marseillaise, avec une gerbe cravatée de tricolore ! Mais une inertie fâcheusement colorée de discrétion a souvent laissé échapper ce qu’il suffisait de retenir. Partout, on nous a moins « pris » que nous n’avons laissé tomber. A nous la faute, la très grande faute. Et disons tout haut un patriotique mea culpa.

On comprend maintenant pourquoi, en face d’un monde officiel gourmé par fonction et neutre par politique du moindre

  1. Le livre français en Hollande, enquête auprès des libraires et des directeurs de revues en Hollande, par le Comité exécutif de « Nederland-Frankrijk, » (J.-J. Salverda de Grave, professeur à l’Université de Groningue ; J.-L. Pierson, pasteur de l’Église réformée de Groningue — et J. van der Elst, professeur au lycée libre de Groningue). — Rapport adressé aux éditeurs français par l’intermédiaire du Comité « France-Hollande » à Paris (brochure de soixante pages, en trois parties.)i
  2. Pourquoi ne pas nommer ce pasteur et cette directrice ? Au risque de gêner leur modestie, je désigne M. Giran et Mlle Middelraad.