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dans la suite, comme la clef de la guerre et, en empêchant l’ennemi d’y pénétrer, protéger Paris. Car le massif de Saint-Gobain est, comme toute notre histoire le prouve, le boulevard de la capitale.)

Le reste de la bataille se développera, pour ainsi dire, autour de ce gond.

4e armée : en arrière de l’Aisne, sur le front Guignicourt-Vonziers ou, en cas d’impossibilité, sur le front Berry-au-Bac-Reims-Montagne-de-Reims, en se réservant toujours les moyens de prendre l’offensive face au Nord.

10° 3e armée : appuyant sa droite à la place de Verdun et sa gauche au défilé de Grandpré ou à Varennes-Sainte-Menehould.

(Ainsi se trouve établi, dans ses lignes définitives, le dispositif en angle ouvert, qui, — à proximité encore de la frontière Nord-Ouest, mais avec la ressource d’un recul nouveau en cas de nécessité absolue, — doit rendre toute son élasticité offensive à l’armée française.

Depuis de longues années, les études du grand état-major ont porté sur cette région de l’Aisne-Goucy-Saint-Gobain. Il n’est pas un des recoins de cette « petite Suisse » qui n’ait été reconnu et fouillé. Chaque année, les chefs qualifiés répétaient, jusqu’à la satiété, la bataille de Craonne ou la bataille de Laon de l’empereur Napoléon, ou bien les batailles qui, pendant l’invasion de 1814, avaient défendu le sol national, soit sur la ligne de l’Aisne, soit sur la ligne de la Marne, soit même sur la ligne de la Seine. L’heure est venue d’appliquer ces leçons.

Deux manœuvres sont laissées à l’initiative des commandemens particuliers, selon l’enchaînement des circonstances : ou la ligne frontale se relèvera jusqu’à Guignicourt-Vouziers-Stenay s’appuyant en arrière sur Verdun, ou bien, l’ennemi ayant pénétré plus avant, elle s’appuiera sur Reims-Montagne-de-Reims-Sainte-Menehould : on voit comme la bataille oscille déjà, dans la pensée du chef, entre l’Aisne et la Marne. Cependant, le 25 août, le commandement français n’a pas encore admis comme inéluctable la seconde hypothèse ; il n’a pas encore « réalisé, » dans son esprit, une si cruelle nécessité.)

11° Toutes les positions indiquées devront être organisées avec le plus grand soin de manière à pouvoir offrir le maximum de résistance à l’ennemi.