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année 1832, le 12 février, le gouvernement publie de nouvelles dispositions touchant l’organisation religieuse de l’armée. Il établit un clergé militaire protestant, mais non pas un clergé militaire catholique : tout au plus un prêtre, dans chaque ville de garnison, était-il parfois désigné par le Consistoire évangélique pour remplir les fonctions d’aumônier. « En temps de paix, aucun ecclésiastique catholique ne peut être attaché spécialement à l’armée. »

Il semble bien aussi que la monarchie prussienne, à l’Université de Bonn, ait soutenu et encouragé l’hermésianisme. Le fondateur de cette doctrine, Georges Hermès, né à Dreierwalde, professeur à Bonn depuis 1819 et mort dans cette même ville en 1831, soutenait, dans ses cours et dans la revue qu’il avait créée, des idées toutes particulières, qui n’étaient pas sans analogie avec le protestantisme. Il avait construit une théorie de la connaissance qui conduisait au catholicisme avec une certaine-nécessité, et il faisait un emploi positif de la philosophie pour prouver l’existence de Dieu et la vérité de la religion ; expliquée par lui, la foi romaine devenait une pure affaire d’intelligence et de raison. Sous son influence et sous celle de ses deux principaux disciples, Braun et Achterfeldt, l’Université de Bonn était devenue peu à peu le foyer d’un mouvement assez dangereux, puisque les jeunes prêtres de la province y recevaient leur instruction. Les catholiques bon teint considéraient donc avec quelque inquiétude l’activité de la faculté de théologie, et même ils soupçonnaient la Prusse de se servir d’elle pour ruiner leur religion. Qu’y a-t-il de vrai dans ce grief ? Il est infiniment probable qu’il ne contient rien d’exagéré. Les hermésiens, il est vrai, se défendirent et alléguèrent qu’ils avaient toujours été les (ils soumis de leurs supérieurs ecclésiastiques. Même le gouvernement n’avait-il pas supprimé leur revue pour un article qui lui avait déplu ? Toutefois eux-mêmes ont fait l’aveu que le ministère les avait protégés[1] ; il les défendit encore pendant son différend avec l’archevêque von Droste-Vischering, même après que, de Rome, le Pape eut lancé contre eux son bref Dum acerbissimus. Finalement il dut

  1. Sind die Hermesiaver Werkzeuge in den Händen der preussischen Regisrung zur Dekalholisierung der Rheinprovinzen (Cologne, 1839). Cf. p. 31 : « Allerdings stand Hermes und seine Schule fräher in hohem Ansehen bei der preussischen Staatsregierung. »