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consistoires. Cette mesure est bientôt abrogée, mais le 23 octobre 1817, une instruction ministérielle remet entre les mains des gouverneurs-provinciaux, tous protestans, le soin de décider sur les affaires de l’Eglise catholique. Ils la soumettront donc à des vexations sans cesse renouvelées, tout en ayant l’air de la protéger. Ce sont eux qui se chargent de censurer, avant leur publication, les catéchismes et les lettres pastorales des évêques, et bien souvent ils confient ce travail à des pasteurs luthériens. Ils surveillent les journaux catholiques déjà existans, s’opposent autant qu’ils le peuvent à ce qu’on en fonde d’autres, et s’efforcent d’empêcher la diffusion de ceux qui paraissent à l’étranger. Avec les années, l’abus devient, de plus en plus flagrant, surtout après l’exposition de la Sainte-Tunique en 1845. Les catholiques, qui ont lié partie avec les libéraux, réclament comme ceux-ci la liberté de la presse, et les pétitions se succèdent. Le conseil municipal de Trêves en envoie une en 1843 au Landtag rhénan. Deux ans plus tard, il joint sa protestation à celles de nombreuses villes de la rive gauche. Il demande que les censeurs ne soient plus exclusivement protestans, et que l’exercice de la censure soit commis aux tribunaux. La contrainte religieuse ne se borne d’ailleurs pas à la vie civile ; dans l’année, le soldat ou l’officier catholique qui veut se marier a besoin d’une espèce de permis que délivre après enquête un ministre évangélique ; le sous-officier qui a des enfans, quelle que soit la confession à laquelle il appartient, doit les envoyer obligatoirement dans une école de garnison dont l’inspecteur est toujours le pasteur protestant de l’armée. Aussi le Rhénan, pour se soustraire à cette inquisition, renonce-t-il à solliciter des grades ; il quille le régiment au plus vite dès qu’il a terminé son service militaire.

L’invasion des fonctionnaires vieux-prussiens, que les auteurs les plus variés, de Goerres a Treitschke, en passant par Spiegel, Karl Schurz et bien d’autres, signalent comme une des sources du mécontentement populaire, outre qu’elle a pour but de germaniser les pays annexés, trouve son explication dans la défiance que nourrit le ministère de Berlin à l’égard des catholiques. Le refoulement de ceux-ci hors des divers postes de l’administration est constaté, dès le 19 juillet 1816, dans un rapport que l’Oberpräsident Vinke, de Münster, adresse à Hardenberg. Tous les agens que nomme le ministère dans le