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chère au général Joffre : un front sensiblement en ligne droite de La Fère à Vouziers-Verdun ; et, en retour d’angle, sur l’Oise et l’Escaut, une force de manœuvre destinée à prendre l’ennemi de flanc.)

D’ailleurs, voici la manœuvre elle-même : elle éclaire, à son tour, les positions sur le terrain.

4o  A l’extrême-gauche : entre Picquigny et la mer, un barrage sera terni sur la Somme par les divisions territoriales du Nord ayant comme réserve la 61e et la 62e divisions de réserve.

(Ces troupes surveillent l’ennemi : on ne leur demande pas autre chose. Il est de toute évidence qu’on les garde pour les circonstances ultérieures, puisqu’on met en arrière les deux élémens les plus robustes, la 61e et la 62e divisions de réserve. Nous allons voir pourquoi on les garde.)

5o  Le corps de cavalerie sur l’Authie, prêt à suivre le mouvement en avant de l’extrême-gauche.

(Ceci, c’est la manœuvre proprement dite, en un mot, le mouvement. Le corps de cavalerie, comme c’est son rôle, y prendra part, mais seulement quand tout sera prêt ; et c’est pourquoi on le tient en réserve, je dirai presque : on le cache, sur l’Authie.)

6o  En avant d’Amiens, entre Domart-en-Panthieu et Corbie ou, en arrière de la Somme, entre Picquigny et Villers-Bretonneux, UN NOUVEAU GROUPEMENT DE FORCES constitué par des élémens transportés en chemin de fer (7e corps, 4 divisions de réserve et peut-être un autre corps d’année actif), est groupé du 27 août au 2 septembre.

Ce groupement sera prêt à passer à l’offensive en direction générale Saint-Pol-Arras ou Arras-Bapaume.

(Nous tenons la clef de toute la combinaison. Voici donc pourquoi on masse des troupes dans l’attente et un peu loin de l’ennemi jusque derrière l’Authie ; voici donc la raison de cette attente de cinq jours, et de cet échelonnement de nos forces du Nord le long des routes par où descend l’armée allemande ; voici le pourquoi de ces contre-attaques « courtes et violentes » : l’objet de cet ensemble de mesures est d’attirer l’ennemi et de le faire glisser dans le piège. Car cette manœuvre n’est pas sans analogie avec celle de la Trouée de Charmes. Elle vient de la même inspiration classique : une bataille de front s’accompagnant d’une surprise de flanc. Et ce qui est le plus singulier, c’est que, précisément à cause de cette simplicité