et les projectiles font dans les chairs les trajets les plus imprévus, les plus contournés. Si on voulait le rechercher à l’aveuglette, on risquerait de faire subir au patient des mutilations souvent dangereuses. C’est ici qu’intervient le repérage des projectiles par les ingénieux artifices que la physique moderne met à notre disposition.
Tout d’abord, un grand nombre de projectiles sont magnétiques : l’acier des éclats d’obus et des bombes, la fonte des grenades, c’est-à-dire la majorité des projectiles vulnérans ; en outre, si les balles françaises en cuivre ne sont pas magnétiques, les balles allemandes le sont, au contraire, grâce au nickel de leur surface de maillechort. Il sera donc plus facile, toutes choses égales d’ailleurs, et comme nous allons voir, de repérer une balle allemande dans le corps d’un blessé français, qu’une balle française dans le corps d’un blessé allemand. C’est un petit avantage auquel je parierais que n’avaient pas songé ceux qui nous ont dotés de la balle D.
En approchant une aiguille aimantée de la région du corps où se trouve un projectile magnétique, elle sera attirée dans la direction de celui-ci ; une autre aiguille placée à un autre endroit, le sera de même et le recoupement de ces directions fournira la direction cherchée. Il n’y a plus alors qu’à extraire le corps étranger à coup sûr d’un bistouri qui sait où il va et y va tout droit. Malheureusement, les magnétomètres nécessaires sont des instrumens délicats, fragiles, peu transportables et assez peu sensibles. Aussi leur emploi ne s’est-il guère généralisé. En revanche, on a utilisé avec succès des électroaimants pour extraire de petits éclats d’obus de certaines régions délicates comme les yeux.
Il faut indiquer, dans le même ordre d’idées, la balance électromagnétique de Hughes, dont M. Violle et M. Lippmann ont signalé naguère la possibilité d’emploi pour le repérage des projectiles métalliques dans les plaies. Je ne sache pas d’ailleurs que cette suggestion ingénieuse ait été pratiquement réalisée, et c’est peut-être dommage.
Dans le même domaine, l’ingénieux électro-vibreur du professeur Bergonié, d’un emploi aujourd’hui classique, a rendu et rend chaque jour les plus grands services : c’est une sorte d’électro-aimant dans lequel le courant ne passe que d’une façon intermittente et qu’on place près de l’organe blessé. À chaque passage du courant, l’électro attire un peu le projectile inclus qui tend à soulever les tissus sous-jacens, puis retombe quand le courant cesse. Les interruptions et passages du courant étant fréquens, il s’ensuit, à l’endroit de la peau