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pour un large débridement précoce des plaies qui ouvre ces cavités closes.

Si nous prenons maintenant comme fil directeur dans le labyrinthe touffu des méthodes et des faits chirurgicaux, l’exposé succinct de l’évolution microscopique des plaies que nous avons esquissé, nous pouvons dès l’abord poser ce principe : le rôle de la chirurgie de guerre doit être d’intervenir dans l’évolution de la plaie de façon qu’à la croisée des deux chemins qui la peuvent conduire vers la guérison ou vers les accidens infectieux, cette évolution prenne nécessairement le premier.

Rejeter l’ennemi (projectile, corps étrangers et microbes), puis réparer le mal qu’il a fait, tel est idéalement l’alpha et l’oméga de la chirurgie guerrière. Ou, pour parler plus exactement et plus modestement, son double objectif doit être d’aider l’organisme dans ses réactions naturelles, à rejeter l’ennemi, à réparer ses dégâts. Car le mot d’Ambroise Paré reste toujours vrai, même pour les athées, si on l’exprime sous la forme suivante :

« Je l’ai soigné, la nature l’a guéri. »

Leur objectif ainsi défini, par quelles modalités particulières les chirurgiens militaires, — et j’entends par-là tous les chirurgiens qui soignent les militaires, — le réalisent-ils, ou du moins devraient-ils le réaliser ? C’est ce que nous allons tenter de voir à la lumière de la cruelle expérience dont trois ans de guerre nous ont saturés.

Nous avons vu que les phénomènes d’infection des plaies se produisent dans un certain ordre de succession chronologique. Pour les plaies que l’on rencontre dans la pratique courante de la chirurgie civile, le blessé peut généralement être mis entre les mains du chirurgien disposant de tous les perfectionnemens de la technique un temps très court après la blessure, temps presque toujours inférieur à celui qui précède, comme nous avons vu, la naissance des accidens infectieux. Il n’en est plus de même, il n’en était surtout au début de la guerre pas de même sur le champ de bataille. Là le blessé ne peut être relevé qu’un temps souvent assez long après qu’il a été touché ; son transport hors de la ligne de feu est long aussi et difficile.

Or la doctrine officielle, en août 1914, était par surcroît qu’une fois hors de la ligne dangereuse, le blessé fût simplement pourvu d’un pansement protecteur qui n’était, si j’ose dire, qu’un vêtement pour sa plaie, puis expédié dans les hôpitaux de l’arrière, généralement à