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Mais ne nous engageons pas dans une controverse délicate, difficile à épuiser, alors qu’il ne s’agit de rien moins que des problèmes les plus ardus de la politique navale, inutile enfin puisqu’aussi bien, je le disais déjà tout à l’heure, il semble possible de conduire des opérations sur les côtes sans faire sortir les navires de haut bord de construction récente du rôle exclusif qui leur a été jusqu’ici réservé.


Contre quels engins, contre quelles armes, en définitive, a-t-on à lutter quand on entreprend sur les côtes de l’adversaire ?

Il y en a de deux sortes, de mobiles et de fixes :

Les engins mobiles, escadres organisées, flottilles de bâtimens légers, petits croiseurs, destroyers torpilleurs, appareils aériens et sous-marins enfin, qui, intervertissant les rôles, peuvent tous se jeter, — simultanément ou successivement, — sur l’assaillant et réaliser ainsi l’idéal d’une « défensive-offensive » efficace.

Les engins fixes, batteries, mines, obstructions ou estacades, filets contre les sous-marins, ballons captifs, projecteurs, etc., qui attendent l’attaque, obligés de la subir au moment qu’aura choisi l’adversaire, et qui se trouvent, par-là même, placés en état d’infériorité initiale vis-à-vis de celui-ci.

La défense mobile est donc, en principe, l’organe essentiel de la sauvegarde du front maritime. Si cette défense mobile est définitivement réduite, l’assaillant est le maître de porter tout son effort sur le point de ce front qu’il juge le plus faible ou, — considération importante, — le plus intéressant en vue d’opérations ultérieures, à terre. Ainsi attaqué, ce point doit en bonne règle succomber tôt ou tard, à la condition, bien entendu, que les moyens de l’assaillant balancent, dans leur ensemble, ceux du défenseur.

Remarquons en passant que, le soir du 31 mai 1916, la « défense mobile » du littoral allemand, qui venait de donner tout entière contre la flotte anglaise, était nettement refoulée, sinon détruite. Peut-être eût-il été possible, en conséquence, de donner une sanction pratique à la victoire britannique, si l’on avait eu le matériel nécessaire à la guerre de côtes, telle qu’elle doit se développer dans les circonstances actuelles. Ce matériel, on ne l’avait pas. Il est même douteux qu’on l’ait aujourd’hui. C’est que, sans doute, si l’on ne possédait pas le