goûts semblables et des aspirations identiques aux leurs.
Mais ce n’était là, de toute évidence, qu’une adaptation provisoire à une situation que nous considérions comme essentiellement précaire. Du jour où la domination brutale de l’Allemagne, qui avait créé chez nous cette unité purement artificielle, prendra fin, nos deux provinces reviendront tout naturellement à leur tradition historique, qui est et reste leur absorption, déjà librement consentie en 1791, par la Patrie française. Nous prétendions, sous le joug allemand, former une nationalité spéciale et distincte des autres, parce que nous ne voulions pas être confondus avec les Allemands. Quand la possibilité sera donnée aux Alsaciens-Lorrains d’exprimer librement leurs préférences, ils seront les premiers à renier cette nationalité de commande, pour se réclamer de la seule qui leur revienne, de la nationalité française. Voilà ce qu’on ne saurait affirmer avec trop d’énergie.
Il n’y a donc qu’une solution au problème qu’a soulevé la guerre : le retour de nos deux provinces à leur vraie Patrie.
Nous ferons bien cependant de prévoir et de déjouer dès maintenant la dernière manœuvre que tenteront les Allemands pour atténuer les conséquences économiques de la rétrocession de l’Alsace-Lorraine.
Les argumens que, dès cette heure, ils font valoir sont les suivans : « L’industrie allemande a un besoin absolu des mines de Lorraine dont la France, déjà trop riche en minerai, ne saura que faire. Dès lors, l’intérêt des deux pays exige que des sociétés allemandes puissent rester propriétaires de ces mines, qu’elles les exploitent et qu’elles exportent le minerai sans contrôle et sans payement d’aucun droit. » Ce ne sont pas de vaines suppositions que je formule.
La campagne est commencée. Les Allemands sont mauvais psychologues, c’est convenu, mais ils apportent en tout la méthode la plus rigoureuse et, dès maintenant, ils ont envisagé toutes les hypothèses qui pourront se présenter et préparé les argumens dont ils se serviront successivement pour couvrir leur retraite par échelons. La possession des richesses minières