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curé de Vaudrevange, fut nommé curé de Sarrelouis en novembre 1683. Par un édit de février 1685, Sarrelouis devint le chef-lieu d’un bailliage, eut une cour prévôtale et une maîtrise des eaux et forêts, avec juridiction très étendue sur le pays environnant : tout cela fut ordonné pour grossir son importance et développer sa clientèle.

Les habitans furent exempts de payer « tous droits d’entrée dans ladite ville, et de sortie d’icelle, tant de vins que de toutes autres denrées nécessaires, avec pouvoir et faculté de faire commerce de toutes sortes de marchandises et manufactures, sans payer aucuns droits… » On établit de même en franchise des foires et marchés, des droits de pâturage pour les bestiaux et troupeaux, des droits de chasse dans les forêts du voisinage, etc. En 1687, les moines augustins de Vaudrevange se transportèrent à Sarrelouis et y fondèrent un établissement d’instruction qui devint rapidement prospère ; les Capucins y vinrent également en 1691. Entre temps, en 1688, on avait transporté à Sarrelouis les deux plus grosses cloches de Vaudrevange ; elles devaient être fondues en 1793. Vaudrevange fut ainsi à peu près dépeuplée ; Jean-Adam Florange en fut le dernier maire ; nommé en 1682, il garda ses fonctions jusqu’en 1687, date à laquelle Vaudrevange cessa d’être une commune ; aujourd’hui, elle est redevenue un gros bourg industriel, avec une importante fabrique de poteries.

Sarrelouis était destinée, dans le plan de Vauban, à former avec Longeville, Mont-Royal, Landau, d’Augsbourg et quelques autres places, une ligne d’avant-postes qui, le cas échéant, supporteraient le premier choc de l’ennemi : « Appuyée, à gauche sur Thionville, à droite sur Bitche, ayant Metz en arrière, Sarrelouis, remarque un historien militaire, couvrait complètement l’ouverture de notre frontière sur la Champagne[1]. »

Il fallait se hâter de construire ces boulevards de la monarchie. La guerre qui fut la conséquence de la ligue d’Augsbourg (1686) était dans son plein, que Vauban pressait fébrilement l’achèvement de Landau et de Sarrelouis, doublait les fortifications de Luxembourg et bâtissait en hâte sur un rocher surplombant la Moselle, auprès de Trarbach, à peu près à mi-chemin entre Trêves et Coblence, une nouvelle forteresse

  1. Th. Lavallée, Les Frontières de la France, p. 283.