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s’iront establir et feront bastir et construire des maisons audit Sarre-Louis… Nous les tenons pour nos vrays et naturels sujets, tout ainsi que s’ils estoient originaires de nostre royaume. »

Outre les habitans de Vaudrevange, il en vint des bourgs voisins : Ensdorf, Fraulautern, Roden, Dillingen, sur la rive droite de la Sarre ; Neuforvveiler, Lisdorf, Picard, Beaumarais, Sainte-Barbe, sur la rive gauche. Ces villages ou hameaux, repeuplés depuis, sont pour la plupart, à présent, des faubourgs populeux et industriels de Sarrelouis. On vit accourir aussi des habitans des pays rhénans qui avaient été éprouvés par les guerres antérieures, des gens de Metz, éloignée de 60 kilomètres, et de toute la Lorraine, d’Alsace, de Suisse et même d’Italie.

Le premier enfant baptisé à Sarrelouis reçut naturellement le prénom de Louis (le 27 janvier 1681) ; ce fut Louis Dumas ; ses parrain et marraine furent Jean Yon et Marguerite Gibot.

Les historiens se plaisent à raconter que les gigantesques travaux de fortification entrepris sous la direction de Vauban sur tous les fronts des frontières françaises, passionnaient Louis XIV. Il les visita en détail « avec goût, avec soin, en toute compétence, » dit M. Lavisse[1]. Le Roi veillait à ce que tout, dans les nouvelles places fortes, fût méthodique, solide, spacieux, les casernes maintenues par la garnison en parfait état. « Louis XIV, remarque Th. Lavallée, allait inspecter ces nouvelles places fortes, à la suite de Louvois, en dissimulant ses projets sous les pompes de la cour qui l’accompagnait : à peine arrivé, et même la nuit, il parcourait tous les travaux, entrait dans les plus minces détails, et montrait autant de sollicitude que d’intelligence dans l’accomplissement de cette œuvre capitale[2]. »

La Gazette fournit d’intéressans détails sur les voyages du Roi dans ces forteresses de la frontière. C’est ainsi qu’en 1683, Louis XIV alla visiter les travaux de Sarrelouis. Il partit de Versailles avec la Reine, le Dauphin et toute la Cour, le 26 mai, pour aller coucher à Corbeil et le lendemain à Montereau. Il arriva à Auxerre le 30 ; puis, le 5 juin, à Dijon. De là, il gagna Bellegarde, le 7 juin, où il passa en revue les troupes de la garnison dont le Dauphin prit le commandement ; il y reçut les ambassadeurs du duc de Savoie. De Bellegarde, Louis XIV alla à Dôle, puis à Besançon dont il inspecta les fortifications avec

  1. Lavisse, Histoire de France, t. VII. 2e part., p. 245.
  2. Th. Lavallée, Les frontières de la France, p. 71.