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Le 8 janvier 1680, Vauban vint visiter le site choisi et approuva l’emplacement. S’installant à Vaudrevange, il rédigea aussitôt des instructions préliminaires, où on lit :

« La situation de la place ayant été fixée et marquée avec des perches et des piquets, y faire enfoncer des pilots jusqu’à la tête, pour empêcher qu’on ne les arrache ou que les bestiaux ne les fassent tomber. »

Vauban ordonne de commencer par tracer « à la perche ou à la charrue, les fossés, demi-lunes et chemins couverts. » C’était déjà avec la charrue que les anciens traçaient l’enceinte des villes qu’ils fondaient. Il prescrit d’envoyer sans délai un bataillon de soldats pour découvrir les carrières de pierre, abattre la forêt, ponter les écoulemens des eaux, établir des chemins, traiter avec des entrepreneurs, faire venir tous les outils nécessaires, chariots, bateaux, etc. Puis il précise ce que devront être matériellement les remparts, les bastions, les ponts-levis, les tenailles et demi-lunes, les portes et leurs réduits défensifs, les corps de garde, les écluses sur la rivière, la construction des casernes, des bâtimens publics, des maisons privées, l’alignement des rues.

Le 14 avril 1680, six mille ouvriers travaillaient à la construction de la nouvelle ville ; un premier détachement de grenadiers s’y installa. Le P. Célestin, de l’abbaye de Saint-Dié, fut appelé pour bénir le berceau de Sarrelouis, le 5 août 1680. La grande comète de Halley qui fit son apparition au mois de décembre de la même année fut considérée comme un heureux présage. Les remparts et le gros œuvre des édifices publics devaient être achevés dès 1685.

On peut voir à la Bibliothèque nationale divers plans en couleur de Sarrelouis, dressés à cette époque. La forteresse est assise sur une colline de la rive gauche de la Sarre dans un repli en fer à cheval de la rivière qui l’entourait ainsi de trois côtés. Au centre de la ville, une grande place carrée, avec un puits au milieu. Sur l’un des côtés de la place, l’église et l’hôtel de ville ; sur un autre côté, face à l’église, le « logis du gouverneur ; » le tout, d’une architecture d’ingénieur, géométrique, sévère autant que solide et bien militaire. La forteresse était sur un plan hexagonal, l’enceinte flanquée de six bastions et cinq demi-lunes.

Sur la Sarre, un pont unique, avec des écluses permettant