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Blaise de Monluc
et
la guerre de tranchées


Nombreux ont été les rapprochemens que la guerre actuelle a amené à faire avec l’ancienne guerre de siège. C’est surtout dans les récits du XVIIe siècle qu’on a recherché les élémens de ces comparaisons. Le XVIe siècle en eût fourni davantage, et cette époque a pour elle de posséder un écrivain militaire de premier ordre, un maréchal de France qui a gagné presque tous ses grades dans la guerre de tranchées, ingénieur avisé et grand remueur de terre, « français et encore gascon, qui est de notre nation le plus franc et le plus libre, » Blaise de Monluc[1]. Guerre de tranchées et guerre de siège, c’est en effet devenu tout un, ou plus exactement la première est appelée à supplanter la seconde ; la guerre de siège, telle que la concevait l’ancienne science militaire, tendra de plus en plus à disparaître. Dans les deux armées qui, après la bataille de la Marne et la course à la mer, se sont stabilisées sur un front allant de Belfort à Nieuport, amenant chacune toute leur artillerie lourde, quelle est l’armée assiégeante, quelle est l’armée assiégée ? La défense et l’attaque ont aujourd’hui dans la guerre de tranchées des procédés identiques.

  1. Cf. Commentaires de Blaise de Monluc. Édition critique publiée et annotée par Paul Courteault, Paris, 1911-1914, 2 vol. in-8 parts. Blaise de Monluc, biographie critique du même auteur, 1909, 1 vol.