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excellente discipline, les maîtresses fussent une gêne l’une pour l’autre.

A la rue Libergier, l’école a été, pendant un an, installée également en sous-sol, dans les salles faiblement éclairées du réfectoire de l’Ecole professionnelle. Les enfans y écrivaient sur de longues tables horizontales de bois ou de marbre, la plupart scellées au carrelage, ce qui, avec l’exiguïté de l’une des salles, ne laissait pas de présenter de réels inconvéniens. Ils étaient suffisamment abrités du moins contre les obus venant de Nogent et de Berru, d’où l’ennemi tire le plus souvent.

Quand on avait descendu les vingt marches de l’escalier obscur conduisant au sous-sol de l’école de garçons de Fléchambault, on arrivait dans une petite pièce d’environ 16 à 18 piètres cubes, basse de voûte et si mal éclairée par un étroit soupirail que les enfans, du fond de cette salle exiguë, y voyaient à peine pour écrire. Dans l’angle de droite, un lit de fer replié servait le jour de pupitre, le soir de couchette à l’instituteur. Comme à l’école de filles voisine, où la disposition était semblable, ce local était si insuffisant pour recevoir simultanément tous les enfans du quartier que je dus y organiser des classes de demi-temps, recevant un groupe d’enfans le matin, un autre le soir. C’était bien une de nos installations les plus défectueuses, à laquelle je ne m’étais arrêté que parce que le canton était encore fréquemment bombardé et que ces écoles elles-mêmes avaient été touchées : ce qui importait avant tout, c’était de protéger les enfans. Mais, dès que le calme fut à peu près revenu dans le quartier, — car le calme à Reims n’est jamais que relatif, — je demandai et obtins l’autorisation de transférer ces classes dans les salles du rez-de-chaussée.

L’organisation des autres écoles, presque toutes établies dans leurs propres bâtimens, ne présenta rien de particulier, sinon que certaines, comme la maternelle Anquetil et les écoles mixtes de la rue du Ruisselet et de la place Bétheny, furent installées dans les seules salles utilisables de locaux plus ou moins atteints par le bombardement et parfois à moitié démolis. La vie mouvementée de ces essaims d’enfans tout près de ruines accumulées, sous la constante menace des canons allemands, ne laissait pas d’être fort impressionnante pour le visiteur ; quant aux enfans, eux, cette situation ne les émouvait pas le moins du monde : il y avait longtemps qu’ils n’y pensaient