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cour les phases du bombardement qui continue jusqu’à dix heures et demie. L’ « arrosage » a été sérieux et les bombes rapprochées. Mais les enfans, eux, ne « s’en faisaient pas. » On leur racontait des histoires drôles qui les faisaient rire à gorge déployée. Ils en ont tant entendu déjà ! Les classes reprirent dans l’après-midi comme d’ordinaire, quelques « petits » seulement manquaient à l’appel. En ville, le bombardement a été, parait-il, très violent ; dans les quartiers Saint-Nicaise et Dieu-Lumière ce fut effroyable ; les ruines sont nombreuses dans toutes les rues avoisinant la place Saint-Nicaise où les maisons basses sont peu solides. Une grosse bombe est tombée encore au 264 de la rue de Vesles. A Saint-Nicaise l’école « Dubail » a reçu son quatrième obus : deux celliers ont été enfoncés et toutes les vitres de la classe sont tombées autour des enfans et des maîtresses qui à ce moment les faisaient prudemment descendre à la cave aidées des soldats du cantonnement. Toutefois, aucun accident. Ce sont, comme précédemment les deux premiers celliers du haut qui ont reçu le choc ; les éclats se sont arrêtés sur la voûte du troisième dans lequel étaient les enfans. Tous ont pu rentrer chez eux sans dommage.

Mercredi 29. — Visite de la cathédrale par les généraux Joffre et Cadorna. — Des gendarmes assurent le service d’ordre sur le passage du cortège, arrêtant depuis midi toutes les voitures et autos qui s’amassent derrière les barrages. A deux heures et demie enfin apparaît une file d’autos dont une portant un drapeau tricolore : c’est celle où sont les deux généraux.

Lundi 10 avril. — Je suis retourné à l’école « Dubail, » qui vient de se rouvrir. On n’a pas encore remplacé les vitres brisées et les fenêtres ont été fermées tant bien que mal par des toiles qui produisent dans la classe une telle obscurité qu’il faut allumer les lampes toute la journée. Les enfans ne paraissent pas plus émus que d’ordinaire, bien que leur quartier ait été très atteint. Le calme de ces bambins, au milieu de la « tempête » presque quotidienne, fit, ces jours-ci, l’étonnement de M. Galli, député de Paris, venu, au lendemain d’un violent bombardement, visiter l’école en compagnie du maire.

Vendredi 5 mai. — Nous avons eu aujourd’hui la visite de M. Bonnaric, inspecteur général. Sa visite a duré jusqu’au samedi soir 6 mai ; il est reparti, après avoir vu fonctionner