répliques serrées et qui révèlent en elle une intelligence profonde de la doctrine, répond de façon à confondre les moines qui courbent leurs fronts jusqu’à terre, la saluent par trois fois et lui demandent qui elle est.
Et, dans une scène qu’accompagne la mélodie mélancolique de l’orchestre, Komachi, les moines et le chœur échangent les lamentations suivantes :
LE SHITE (Komachi). — le suis la Mlle du chef de district du pays ;
Voilà à quelle extrémité est réduite Ono ne Komachi de Deva.
LE WAKI (les moines). — Ah ! qu’elle est digne de pitié ! Komachi
Autrefois fut une femme répandant la joie :
Sa beauté brillait comme une fleur ;
Le croissant noir de ses sourcils avait des reflets bleus
Et le fard de ses joues ne perdait jamais sa blancheur !
LE CHŒUR. — Ses robes de fin damas superposées nombreuses débordaient les pavillons de bois précieux.
LE SHITE. — Les parures faisaient mon seul souci ;
LE CHŒUR. — Hors de ma portée, elles excitaient mes regrets.
Sous ma main, elles m’accablaient d’inquiétudes. LE SUITE. — Les bandeaux de ma chevelure se courbaient en vagues bleuissantes.
LE CHŒUR. — Tels des nuages aux teintes vives entourant un sommet verdoyant.
LE SHITE. — Parée de l’élégance de mes robes.
LE CHŒUR. — Je ressemblais à la fleur de lotus flottant sur les vagues, au matin.
LE SHITE. — Je composais des chants, j’écrivais des poésies ; LE CUOEUR. — La coupe apportant l’ivresse, LE SUITE. — Mettait sur ma manche la tranquille image de la lune au ciel étoile !
LE CHŒUR. — Cet état si brillant,
Quand donc s’est-il changé à ce point ?
Ma tête s’est couverte d’armoise blanche de givre.
Les deux bandeaux gracieux de mes cheveux
Se sont amincis sur ma chair, leur jais s’est mélangé.
Mes sourcils, ces deux fourmis arquées,
Ont perdu leur teinte de montagnes lointaines,
LE SHITE. — Ils ont cent ans.
LE CHŒUR. — Il s’en faut d’un an. Mes cheveux crêpelés comme des algues pendent le long de mes joues. Voilà ce que sont mes pensées, et, dans la clarté de l’aube,