la parole. Le président du Conseil des ouvriers et soldats de Pétrograd met les marins en garde contre les décisions irréfléchies, comme celle que l’on a prise à Cronstadt. La ville de Cronstadt ne peut vivre seule, isolée du reste de la Russie et de la capitale ; sa manière d’agir risque d’apporter du désordre dans la révolution. Une voix crie :
— Pourquoi Kérensky a-t-il ordonné l’offensive ? C’est une trahison !
Une trahison ? Envers qui ? Ne savent-ils pas que seule l’offensive peut sauver les libertés russes déjà menacées ?… Alors ?…
Une autre voix s’élève :
— Pourquoi le gouvernement provisoire ne publie-t-il pas les traités secrets avec les Alliés ? Pourquoi ne signe-t-il pas la paix ?
La paix avec l’Allemagne ! C’est la première fois que j’entends, posée en public, cette exigence d’une paix en dehors des Alliés. Nous sommes à Cronstadt, forteresse du maximalisme : cela seul suffirait à nous le rappeler.
Un orateur qui a succédé à Tchkhéidzé s’y applique encore. A grands renforts de gestes, il déclare que « les camarades de Cronstadt évoluent de plus en plus du côté des bolché-wiki ! »
Cela promet pour l’avenir.
Après de longs pourparlers, renouvelés plusieurs fois, MM. Skobeleff et Tsérételli ont obtenu que le Comité de Cronstadt reconnaisse que « l’autorité du gouvernement s’étend sur la ville de Cronstadt comme sur toute la Russie. » En vertu de cette déclaration, le gouvernement provisoire a fait procéder à une enquête sur le cas des officiers détenus dans les prisons de la forteresse.
Le résultat est navrant. La plupart des accusations portées contre les officiers reposent sur des témoignages d’inconnus et il a été impossible de les justifier.«
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Il était temps que le gouvernement provisoire mit fin à ces horreurs.
26 mai/8 juin. — Bien que le Conseil des ouvriers et soldats de Cronstadt ait fait sa soumission, les marins