la guerre leurs projets de lutte des classes, car la Russie a besoin de la collaboration du capital.
« Il ne faut pas admettre que l’ennemi viole et occupe le territoire russe : pas d’annexions, mais non plus pas d’abandons.
« L’armée sans discipline, s’écrie le matelot président Batkine, n’est qu’une foule armée peu redoutable pour l’ennemi. Les Tchernomore réclament une discipline nouvelle, mais forte, basée sur la confiance réciproque et sur l’amour de la liberté ! »
Trois cents délégués paysans viennent d’arriver à Pétrograd, et l’on compte qu’ils seront quinze cents dans quelques jours.
« Venus de tous les points de la Russie, m’a dit l’un d’eux, interrogé au hasard d’une rencontre, les Délégués paysans forment une masse très hétérogène, mais animée d’une pensée unique : l’intérêt de la Russie. Dans les heures graves que notre pays traverse, il est indispensable que cette pensée se manifeste. Certains d’entre nous sont très intellectuels et même étrangers au milieu paysan, mais ils connaissent à fond la question agraire, si compliquée chez nous. Il y a aussi parmi nous dés bolchéwiki, mais là comme ailleurs, ils ne formeront qu’une minorité. Peu à peu, un Conseil des Paysans va se constituer qui aura une grande importance et jouera, je l’espère, dans le bouleversement actuel, un rôle de poids équilibrant. Nous constituerons la première assemblée représentant vraiment toute la Russie. Notre groupement à Pétrograd a une importance extrême au point de vue de la mise en action des rapports avec les villages lointains d’où nous devons extraire les approvisionnemens nécessaires au ravitaillement du front et des grandes villes.
« Une nouvelle répartition de la terre est indispensable. Le partage fait en 1861, lors de la libération des serfs, n’a pas prévu l’accroissement possible de la population, de sorte qu’il se produit aujourd’hui dans nos campagnes cette intolérable anomalie : plus un village est riche en population et plus la part de la terre dont le mir (commune) dispose pour chaque individu, « pour chaque âme, » comme on dit chez nous, est petite. C’est à la Constituante et non aux organisations particulières —