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Russie, dont la léthargie la servait. Elle s’arrête au bout de six jours pour souffler et compter ses morts. Et de Stanislau, où il est accouru pour lancer à son peuple des bulletins de triomphe, l’Empereur s’inquiète de la recrudescence du canon dans les Flandres. La nouvelle bataille qui commence a déjà pour effet de dégager le front de l’Aisne et de la Champagne ; le feu se ralentit sur le Chemin des Dames. La ventouse sera-t-elle suffisante pour aspirer encore quelques-unes des forces du front oriental ? Peut-être. En tout cas la Galicie ne rendra pas des hommes à l’Allemagne, et c’est d’hommes qu’elle a besoin pour soutenir la tempête qui crève à l’Occident.

Les affaires de l’Empire demeurent donc très critiques. Toute la situation, en dépit de succès faciles et provisoires, dus moins à la force qui lui reste qu’à d’impardonnables défaillances, est encore dominée à cette heure par l’état de pertes de l’armée et par les périls qu’elle court sur le front occidental, — par le passif de ces trois mois et par la menace de ceux qui s’ouvrent. L’Entente, au contraire, redouble d’énergie et s’apprête à frapper ses coups les plus puissans. Elle voit s’ajouter à ses forces immenses les forces fraîches d’un nouveau monde. C’est dans ces conditions assez graves que l’Allemagne devra pourvoir à sa défense avec des alliés affaiblis et avec une armée qui porte dans le flanc une de ces plaies profondes dont il est malaisé de guérir.