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de réserve, dont le retard tint le 1er corps immobilisé à la défense des ponts de la Meuse.

En général, une sorte de lourdeur dans les mouvemens présente un contraste frappant avec l’étonnante vélocité des armées allemandes. Du 19 au 21, trois jours sont perdus d’un côté et combien avantageusement employés de l’autre ! C’est pendant ces journées que les chefs allemands voient se réaliser leur grand dessein.

En marche le 19, s’élançant le 20, débouchant le 21, les armées allemandes prenaient, à l’heure même de la bataille, l’avantage principal, l’initiative.

Cette initiative ils l’ont gagnée par la résolution initiale de violer la neutralité belge, par le plan prémédité, et si longtemps dissimulé, qui les porte sur la rive gauche de la Meuse ; ils l’obtiennent surtout par la rapidité extraordinaire de leur action.

Du 19 au 21, les résultats sont les suivans : la Belgique couverte de la « galopade des uhlans » jusqu’à Tournai ; Namur entourée, assiégée ; l’armée von Bülow, après avoir bousculé notre cavalerie, se mouvant d’un seul bloc, sa gauche à la Sambre dans la direction de Mons ; l’armée von Kluck, projetée plus loin encore, abordant par sa gauche la région de Nivelle, que l’armée anglaise cherche à atteindre, la croyant libre d’ennemis ; dans le Luxembourg, von Hausen se mettant en marche pour venir surprendre, entre Fumay et Dinant, les communications de la 5e armée.

En un mot, les armées allemandes ont envahi la Belgique et arrivent les premières sur le terrain quand les armées alliées sont encore en train de se masser. Ainsi, l’initiative du commandement allemand pèse sur la manœuvre des armées alliées.

Observons toutefois que les dispositions stratégiques prises par le général Joffre n’ont pas encore rendu tout leur effet. Sa force principale, abritée derrière la Sambre, appuyée sur les places de Namur et de Maubeuge, menace les armées allemandes qui défilent devant elle et une force moindre, mais non négligeable, fait barrage pour s’opposer à leur mouvement tournant et empêcher leur débouché vers la mer. Si le commandement allemand est prêt à attaquer, le commandement français est prêt à attaquer aussi et il garde la volonté et les moyens de reprendre, à son tour, l’initiative.

Ainsi, s’engagent, le 21 août, les combats de la Sambre,