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à la disposition des chefs, 425 000 hommes en ligne, telle est la masse combattante dont dispose le commandement.

Chaque corps d’armée allemand compte 144 pièces d’artillerie dont un quart en obusiers légers ; le reste est en batteries montées avec un bataillon d’artillerie à pied ; cependant, les corps de réserve n’ont, chacun, que 72 pièces, soit moitié de l’artillerie du corps actif.

La 1re armée allemande (von Kluck) est la pointe extrême du dispositif de ce côté ; elle marche à une certaine distance de la mer, droit sur Audenarde-Courtrai, son extrême droite devant accomplir le mouvement tournant jusqu’à Dunkerque et Calais, de façon à balayer tout le Nord, au moins jusqu’à la Somme, avant de se rabattre sur Paris.

Von Kluck est parti de la Gette, le 19, pour sa grande randonnée. Précédés, comme nous l’avons dit, par la cavalerie von Marwitz, ses gros progressent, la droite en avant, avec une rapidité extrême et couvrent, au sud de la Demer, une large bande de terrain qui s’aligne en son milieu par Tirlemont, Louvain, Bruxelles, Sotteghem, Audenarde, Courtrai. Son corps de flèche est le IIe corps commandé par un des généraux allemands les plus réputés, von Linsingen. C’est lui qui tient l’aile marchante. Il n’est pas question de se porter, pour le moment, sur Charleroi et Mons ; l’objectif est plus au nord et droit à l’ouest. Si les armées von Bülow et von Kluck longent la Sambre, la Sambre n’est pas leur but ; elles vont au delà et ne doivent marquer leur mouvement de conversion au sud que quand elles auront atteint l’Escaut, de manière à se rabattre par Lille, Arras, Amiens, sur la Seine, peut-être même à l’ouest de Paris qui se trouverait ainsi coupé de Calais, de Dunkerque, de Rouen et du Havre. On attaquera l’ennemi si on le rencontre. Mais le but principal est de l’envelopper complètement et, pour cela, d’atteindre la mer.

Rappelons toute l’importance du mouvement tournant dans la doctrine allemande et surtout dans le système de Schlieffen : un adversaire tourné est un adversaire battu, parce qu’il est attaqué de deux côtés à la fois et que la convergence des feux l’assomme au moment même où il craint pour ses communications. Le mouvement tournant est donc la condition indispensable de la victoire. Il ne s’agit pas d’un mouvement d’aile plus ou moins adroitement exécuté et caressant, pour ainsi dire.