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conçu si imprudemment l’espoir aux heures de l’enthousiasme...

Le 24, les événemens militaires sont déjà accomplis. Les communiqués du 24 et du 25 contiennent tout ce que le Public connut officiellement de la « bataille de Charleroi. » Il faut les citer in extenso :

D’abord, le communiqué du 24, au matin, qui donne comme une sorte d’exposé des opérations.


La grande bataille entre le gros des forces françaises et anglaises et le gros des forces allemandes continue. Pendant que cette action se poursuit, dans laquelle nous avons l’importante mission de retenir la presque totalité des armées ennemies, nos alliés de l’Est (les Russes) obtiennent de gros succès dont les conséquences doivent être considérables...

15 heures. — Nos armées, placées face à leurs objectifs, se sont ébranlées avant-hier, prenant résolument l’offensive. Entre la Moselle et Mons, la bataille générale est maintenant engagée, et la parole n’est plus qu’aux combattans eux-mêmes. (Suit un rappel des batailles de Lorraine et des Ardennes.) Une troisième armée, de la région de Chimay, s’est portée à l’attaque de la droite allemande entre Sambre et Meuse. Elle est appuyée par l’armée anglaise, partie de la région de Mons.

Le mouvement des Allemands qui avaient cherché à déborder noire aile gauche a été suivi pas à pas, et leur droite se trouve donc attaquée maintenant par notre armée d’aile gauche, en liaison avec l’armée anglaise. De ce côté, la bataille se continue vivement depuis plus d’une journée. Sur tout le reste du front, elle est aussi engagée avec le plus grand acharnement et déjà les pertes sont sérieuses de part et d’autre. A notre extrême gauche, un groupement a été constitué dans le Nord pour parer à tout événement de ce côté.


Il y a bien, dans ces derniers mots, l’idée d’une conception stratégique qui, jusqu’à un certain point, s’oppose à celle de l’ennemi. Mais elle n’est indiquée qu’en passant et à peu près indiscernable pour ceux qui ne sont pas initiés.

Le coup de massue est donné par le communiqué du 24 août, 23 heures :


La situation en Belgique. — A l’Ouest de la Meuse, l’armée anglaise, qui se trouvait à notre gauche, a été attaquée par les Allemands. Admirable sous le feu, elle a résisté à l’ennemi avec son impassibilité ordinaire. L’armée française, qui opérait dans cette région, s’est portée à l’attaque. Deux corps d’armée, dont les troupes