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pouvait se faire à l’idée que la Belgique ne serait pas défendue. L’occupation de Bruxelles par les Allemands avait été une surprise pour le public français qui en était resté à la belle résistance de Liège : l’arrivée des premières populations belges en fuite l’émut ; il s’inquiéta quand il apprit que l’armée belge s’était repliée sous le canon d’Anvers. A la question que l’on se posait universellement de savoir ce que devenaient les armées alliées, le « communiqué » répond. Et, en même temps, il indique les faits nouveaux, bien différens de ce que le public attend : non seulement la Belgique est envahie, mais la région de Gand et la frontière française sont insultées par la cavalerie ennemie. Où sont donc nos troupes ? Que fait notre propre armée ?

Dès le 22, le bruit s’était répandu dans Paris, — et Paris-Midi le confirmait, — qu’une formidable bataille était engagée entre Mons et Charleroi. Bientôt la rumeur circule « que nos armées n’ont pu enrayer la marche des armées allemandes et que notre aile gauche, c’est-à-dire l’armée anglaise, est débordée et enveloppée [1]. »

Le 23, on apprend par de vagues rumeurs que les journées du 21 et du 22 n’ont pas été bonnes sur la Sambre. Le communiqué du 23 août parait et s’applique à préparer les esprits :


En Belgique. — A Namur, les Allemands font un grand effort contre les forts qui résistent énergiquement. Les forts de Liège tiennent toujours. L’armée belge est tout entière concentrée dans le camp retranché d’Anvers. Mais c’est sur ta vaste ligne allant de Mons à la frontière luxembourgeoise que se joue la grosse partie.

Nos troupes ont pris partout l’offensive. Leur action se poursuit régulièrement en liaison avec l’armée anglaise. Nous trouvons en face de nous, dans ce mouvement offensif, la presque totalité de l’armée allemande, formations actives et formations de réserve. Le terrain des opérations, surtout à notre droite (il s’agit des Ardennes), est boisé et difficile. Il est à présumer que la bataille durera plusieurs jours. L’énorme extension du front et l’importance des effectifs engagés empêchent de suivre pas à pas le mouvement de chacune de nos armées. Il convient, en effet, pour apprécier cette situation, d’attendre un résultat qui serve de conclusion à la première phase du combat... etc. etc.


Ce n’est pas la « victoire en coup de vent » dont on avait

  1. Ant. Délécraz, Paris pendant la mobilisation, p. 324.