du saint roi, très loin dans le parc, au sortir de l’Université, toute la beauté française, identique à travers le temps, qui se lève devant l’admiration d’un peuple : « O noble France, si fièrement éprise d’idéal, a dit, en son adresse, la ville à la mission, la cité de Saint-Louis te salue en ce jour et, glorieuse d’être issue de toi, se prépare à te soutenir dans ta lutte héroïque pour la justice, le droit et la liberté. »
De Saint-Louis à Philadelphie, 7-9 mai.
Springfield n’est pas seulement la capitale de l’Illinois, mais la dernière demeure d’Abraham Lincoln. C’est vers cette grande ombre que s’achemine le pèlerinage de la mission. Dans le cimetière, vaste parc planté d’arbres, où, de place en place, apparaissent des croix, un monument s’élève, qui domine les autres. De la tombe solitaire de Washington à Mount-Vernon, à ce mausolée de pierre qui se dresse sur la verte colline, c’est toute l’âme des Etats-Unis qui s’évoque. De la maison à colonnes de Mount-Vernon à la simple cabane de bois de Lincoln, des souliers à boucles d’argent du propriétaire foncier de Virginie aux lourdes bottes de l’humble « lawyer, » du visage aristocratique, grave et ferme du premier à la figure hâve, du second, du général de la Liberté au juriste de l’Egalité, du triomphateur qui put jouir de sa victoire au martyr enseveli dans son triomphe, la distance est grande. Et cependant, de l’un à l’autre, c’est l’idéal des Etats-Unis qui, de conséquence en conséquence et de développement en développement, se poursuit. L’un, dans son Adresse d’adieu, véritable testament politique, a dit qu’il n’y avait pas deux morales, l’une pour les individus, l’autre pour les nations, mais que tous les contrats, privés ou publics, devaient être également respectés. L’autre, à Gettysburg, le 18 novembre 1863, sur le champ de bataille où le Nord avait trouvé la décisive victoire, a prononcé les paroles que le monde ne devait plus jamais oublier : « Ce n’est pas à nous de consacrer ce terrain à nos morts, mais à nous, vivans, de leur demander de nous consacrer à la tâche qu’il faut que nous poursuivions pour qu’ils ne soient pas morts en vain, pour que le gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple, ne périsse pas de la terre. » Soldat qui combat pour la suprématie des justes et pacifiques lois, avocat qui invoque l’épée pour suspendre la suprême équité, Washington et Lincoln ont,