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sous votre direction ont complètement déjoue la manœuvre de l’ennemi et enrayé son mouvement offensif sur Ypres, malgré les forces accumulées par lui dans cette région. »

À la vérité, les troupes alliées étaient elles-mêmes à bout de forces. Il fallait qu’elles se reconstituassent. Il leur était difficile pour l’heure de reprendre une offensive sérieuse. L’ennemi lui aussi soufflait : il était fort déconfit. En vain écrivait-on aux officiers : « Il faudra répéter aux soldats que les Français sont lassés du combat et que nous n’avons pas à regretter nos pertes si nous atteignons le but indiqué. » C’était presque un aveu de défaite. Les soldats allemands à qui il fallait « répéter » que l’ennemi est las, sont donc eux-mêmes bien las. En tout cas, l’Empereur est déjà loin.

Le 6 novembre, le général d’Urbal adressait aux troupes de son armée l’ordre suivant :

« Soldats, la lutte qui se poursuit, opiniâtre, depuis quinze jours, a brisé l’offensive d’un ennemi qui se flattait d’avoir raison de votre vaillance. Il sait maintenant ce qu’il en coûte de se mesurer avec vous et ne lutte plus que pour masquer l’échec définitif de ses plans.

« Je connais vos fatigues. Vous avez, au cours de ces rudes journées, fourni des efforts considérables. Je vous en demanderai d’autres pour achever ce que nous avons entrepris. Ils ne seront pas au-dessus de votre courage et de votre amour du pays. »


XIV. — L’EFFORT SUPRÊME DES ALLEMANDS 6-15 novembre.

La bataille des Flandres semblait perdre de son importance. D’une part, il paraissait — le départ de l’Empereur en était une preuve — que la fameuse « bataille pour Calais » si imprudemment célébrée par la presse allemande, était au moins ajournée. D’autre part, nous avions pu, de notre côté, constater que l’ennemi — depuis trois semaines maintenant installé en Flandre — y avait organisé une ligne défensive telle que l’espoir d’une offensive sur Courtrai, Gand et Bruges nous était momentanément interdit. Par ailleurs, la petite avance faite par les Allemands à l’Est d’Ypres suffisait à rendre plus difficile même une simple attaque sur Roulers. Il ne paraissait plus