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Foch se doute bien que, « s’il pleut dans son camp, il pleut dans l’autre. » Il entend qu’on ne se laisse pas de nouveau « pincer à la taille. » Il a ordonné derechef l’offensive, et d’Urbal, de la mer à la Douve, l’a organisée. « La bataille décisive est engagée sur tout notre front, écrit le commandant de l’armée de Belgique ; il importe de la mener à bien en agissant partout avec la plus extrême vigueur ; » et il assigne de nouveau à chacun sa tâche : le général Taverna, avec sa 32e division, attaquera sur Houthem pour agir sur le flanc de l’ennemi qui attaque Klein-Zillebeke ; à sa gauche, le général Humbert continuera à agir sur Klerkem-Zarren et fera déboucher une nouvelle attaque dans la direction de Woumen, et, à sa droite, le groupement Dubois agira offensivement sur tout son front, en lançant une forte attaque dans la région de Zonnebeke, dans la direction de Becelaere, — les autres groupes français restant au Sud-Est d’Ypres à la disposition du général Haig.

Pendant la nuit du 31 octobre au 1er novembre, les Anglais avaient essuyé de nouvelles attaques. Au matin, la cavalerie anglaise, fatiguée par cette terrible nuit, recula fortement, perdant Wytschaele et derechef Messines. C’était la crête entre les mains de l’ennemi. En même temps, le 1er corps abandonnait les débouchés du bois du Polygone et de Klein-Zillebeke, à leur gauche.

Il fut décidé que les troupes du 9e corps interviendraient. La 32e division se jette sur Wytschaete qu’elle reconquiert, Messines restant aux mains de l’ennemi. Le front passe alors par les abords Ouest de Gheluvelt, Est de Klein-Zillebeke, par Wytschaete reconquis et les abords Ouest de Messines perdus. Le 9e corps relève complètement sur un secteur de 1 500 mètres de ce front les troupes anglaises. Les troupes françaises s’étaient, pendant cette journée, partout maintenues sur leurs positions, — sans plus.

La bataille restait indécise ; elle avait atteint dans la journée, sur dix points, un degré de violence inouïe. Tout était encore en suspens, maison pouvait craindre un renforcement de l’ennemi. Car, complètement déçu à cette heure par l’inondation de la région de l’Yser, il faisait glisser vers le Sud une partie des troupes de cette région. D’autre part, l’enchevêtrement des troupes alliées qui était extrême faisait redouter quelque confusion.