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L’ALSACE-LORRAINE À LA VEILLE DE LA DÉLIVRANCE.

légitimer leurs conquêtes, ils prétendent faire appel à une communauté d’origine démentie par l’histoire.

Mais à quoi bon s’attarder à ces discussions rétrospectives ? Prenons les faits connus, indéniables. Ils suffiront largement pour prouver que la France, en reprenant l’Alsace-Lorraine, ne fera que rentrer dans son bien.

Le 7 juillet 1789 les citoyens de Strasbourg envoient aux États généraux une adresse où se trouvent les phrases suivantes :

« Les citoyens de Strasbourg partagent, à l’extrémité du pays, l’allégresse générale sur la réunion des représentans de la nation française de tous les rangs, de toutes les classes et dignités en un seul faisceau qui réunit force et lumière. Nous et nos neveux nous reposerons tranquillement à l’ombre de cet arbre majestueux qui doit reprendre une vie nouvelle. »

Dans le même temps, les gardes nationales de Metz déclarent « que la Constitution nouvelle ne leur laisse rien à regretter de l’ancienne existence de la République, et qu’au contraire, leurs pères seraient sans doute jaloux de leur bonheur, s’il leur était possible de le contempler. »

L’Alsace et la Lorraine s’associèrent avec enthousiasme aux guerres de la Révolution et du premier Empire. Faut-il rappeler ici les noms de Fabert, de Custine, de Kléber, de Richepanse, de Lasalle, de Kellermann, de Ney, de Lefèvre, de Rapp, d’Éblé, de Mouton ? Dans toutes les maisons, dans toutes les chaumières de nos provinces, on conserve précieusement les reliques de l’épopée impériale.

Jusqu’en 1870, l’Alsace et la Lorraine partagent toutes les destinées de la France, à laquelle leur population ne cesse de témoigner l’attachement le plus profond. On aurait bien surpris les habitans de l’Est si, à cette époque, on leur avait dit qu’ils étaient de race germanique et que l’Allemagne avait des droits historiques sur leur territoire… Aussi quelle ne fut pas leur douleur quand, après l’Année terrible, ils apprirent qu’ils allaient être la rançon de la Patrie humiliée !

Des élections pour l’Assemblée nationale ont lieu en territoire envahi en 1871. À d’écrasantes majorités les Alsaciens-Lorrains élisent, sous la botte prussienne, les députés qui