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ces coups. Dans ce cas, on procède au réglage en se servant de coups fusans qui éclatent à une certaine hauteur au-dessus du sol en projetant le petit nuage pommelé bien connu de tous ceux qui ont combattu. On cherche alors à encadrer le but entre deux coups fusans pour en déduire la position où la trajectoire prolongée jusqu’au sol aurait rencontré celui-ci si elle n’avait pas été coupée avant sa fin par l’éclatement aérien.

Le plus généralement on opère ce réglage par fusans en les faisant éclater au ras du sol, c’est-à-dire très près du point de croisement de celui-ci avec la trajectoire. Dans ce cas, si le nuage d’éclatement apparaît derrière le but, on est certain que la trajectoire est trop longue ; mais la réciproque n’est pas toujours vraie et il peut arriver qu’un éclatement-vu en avant du but et au-dessus de celui-ci appartienne à une trajectoire dont l’extrémité tombe en réalité en arrière.

Ce n’est qu’un jeu pour nos artilleurs de se débrouiller dans ces difficultés.


L’observation terrestre lorsqu’elle est possible est assurément le plus sûr moyen de régler efficacement le tir des canons. Mais il est des cas où elle n’est pas possible. Tout d’abord, même armés de jumelles ou de bonnes lunettes de Galilée et même en terrain découvert à l’œil, il est difficile d’observer avec exactitude des objectifs et des éclatemens à plus de six ou sept kilomètres. — Comment régler le tir des gros canons longs qui tirent beaucoup plus loin et jusqu’à une vingtaine de kilomètres et au delà ? Il n’y avait qu’un moyen : l’avion, l’avion qui à volonté va survoler l’objectif si éloigné qu’il soit et signale par T. S. F. à la batteries ! ses coups sont trop longs, courts, à droite, à gauche et de combien... ou au but. J’ai indiqué naguère ici même quelles devaient être les caractéristiques des bons avions de réglage et je n’y reviendrai donc pas. Mais une chose ressort avec évidence de ce qui précède : puisque le tir d’artillerie ne vaut que par son réglage, on peut bien dire que c’est l’avion seul qui a rendu possible l’emploi aujourd’hui fondamental de l’artillerie lourde à longue portée ; c’est lui qui par cela a donné à cette guerre son caractère si particulier. Cela fait que de tous les avions de guerre, l’avion de réglage est sans conteste le plus important, bien que son rôle soit apparemment moins brillant que celui de l’avion de chasse : celui-ci et les « as » qui l’ont illustré ne jouent réellement un rôle utile qu’en