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sur les passerelles comme à une fête, » et criant aux soldats belges étonnés : « On va à Ostende, s’pa ? » Ils semblaient aussitôt en prendre le chemin, puisque quelques heures après, ils atteignaient Westende et se trouvaient en mesure de marcher sur Slype.

Le général de Mitry, ayant d’autre part réussi à enlever Bixschoote en faisant 350 prisonniers aux troupes du XXIIIe corps de réserve, recevait l’ordre de marcher sur Merkem, tandis qu’à sa droite, la 17e division (la première débarquée du 9e corps) était poussée vers Paschendaele : encadrée par deux divisions du corps de cavalerie, elle pousserait sur Roulers. A Dixmude, le 22, les Allemands, après une violente attaque, avaient été repoussés, laissant entre nos mains des prisonniers et des mitrailleuses.

Malheureusement, entre Nieuport et Dixmude, se produisait le grave accroc qui devait arrêter une opération si bien commencée. Les Belges avaient perdu la boucle de l’Yser : des troupes du IIIe corps de réserve, soutenues par l’artillerie de la 4e Division Ersatz, avaient passé la rivière, occupé Stuyvekenskerke, Shoorbake et Terwaete et, après avoir pu jeter deux passerelles et fait passer six bataillons, menaçaient Pervyse sur la ligne même du chemin de fer dont ils n’étaient plus qu’à cinq cents mètres. Ce fut toute la journée du 23, une mêlée terrible dans l’intérieur de la boucle : Pervyse pris, c’était la percée, car rien alors n’arrêterait plus le flot allemand. Les Belges se battaient bien, mais cédaient, cédaient encore, quand soudain on vit arriver derrière Pervyse les troupes françaises, — « arrivée qui sembla miraculeuse, » écrit un Belge.

Aussitôt avisé de ce qui se passait, le général d’Urbal avait fort à propos donné ordre au général Grossetti de suspendre son mouvement sur Slype et, ne laissant qu’une brigade à Lombaertzyde, de jeter son gros vers Pervyse. La brigade de Bazelaire (83e), se portant avec une rapidité extrême derrière l’Yser et au Sud, tombait sur les Allemands à Stuyvekenskerke, leur arrachait le village et semblait rétablir la situation, — tandis que, sur le reste du front, les Belges et, autour de Dixmude, les fusiliers-marins tenaient bon sous un bombardement atroce pendant toute cette journée du 23.

« La ligne de l’Yser doit être maintenue ou rétablie à tout prix, » écrivait, le 24, le général d’Urbal au général Grossetti : d’autre part, sur un morceau de papier de fortune, il griffonnait