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de la Ville. C’est un de ces miliciens qui ont été appelés à remplacer la police après sa disparition.

La milice, aujourd’hui notre unique sauvegarde contre les excès d’une cohue lâchée et sans frein, s’est d’abord organisée automatiquement. Dès les premiers jours de ‘n Révolution, les étudians prirent sur eux de maintenir un ordre relatif dans les rues où l’armée ne pensait qu’à combattre et où se répandaient les prisonniers de droit commun, libérés par l’incendie des prisons. Dès le 27 février, l’inscription des jeunes volontaires était reçue à la Douma de la Ville ; le 1er mars, le Comité provisoire exécutif de la Douma confiait à M. Krijanowska la mission d’organiser la milice de Pétrograd. Elle s’installa au petit bonheur, dans les quelques ovitchastoks qui avaient échappé à l’incendie ou dans des locaux provisoires.

Les nouveaux enrôlés, dont quelques-uns, dans les débuts, avaient à peine seize ans, organisèrent des patrouilles, se mirent de faction à l’angle des rues, tandis que d’autres se tenaient en permanence au commissariat, prêts à accourir au premier appel téléphonique parti d’une des maisons de leur quartier. C’est qu’on n’était guère rassuré dans les demeures particulières !... Des bandits, profitant du trouble, y pénétraient sous prétexte de perquisition, volant et terrorisant. La Douma avait, il est vrai, recommandé à la population d’exiger pour n’importe quelle visite domiciliaire un ordre scellé de son sceau, mais la crainte et l’affolement étaient tels que l’on cédait à la moindre pression. Dès que l’on sut qu’il suffisait d’un appel téléphonique pour être secouru, on se rassura.

Peu à peu l’ordre se rétablit. On organisa une véritable police privée : commandans de quartiers, commandans de rues et commandans de maisons. Tous ces emplois furent assumés par des hommes de bonne volonté. Le commandant de maisons dut établir l’ordre de garde pour tous les locataires (une heure par jour) avec un roulement régulier. Les locataires ayant des raisons valables pour se dispenser de cette garde purent, moyennant rétribution, se faire remplacer par un milicien. Ces locataires de garde, ou l’homme qui tenait leur emploi, étaient les « assesseurs » du starché-dvornik ou portier-chef.

Il convient de dire que les maisons de Pétrograd ne res- semblent en rien à nos demeures parisiennes. Ce sont pour la plupart des espèces de cités à plusieurs cours et à deux ou trois