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et qui vient d’obtenir aux élections générales cette majorité de plus de 200 voix.

Le maréchal Teraoutsi et le vicomte Motono, ministre des Affaires étrangères, restent donc au pouvoir et se dédieront avec plus de sérénité et de confiance aux grands objets extérieurs ou domestiques qui réclament toute leur attention. Les sympathies envers notre pays du maréchal Teraoutsi qui, après avoir été l’élève de notre école de Saint-Cyr, est revenu pour plusieurs années à Paris comme attaché militaire, et du vicomte Motono, docteur en droit de notre Université, et qui, dans ses différentes missions à Bruxelles, à Pétrograd, à Paris, s’est montré un constant et sincère ami de la France, nous sont un sûr garant de l’esprit dont continuera de s’inspirer leur gouvernement. Les déclarations faites par eux en octobre 1916 comme au mois de janvier 1917 ne nous laissent aucun doute sur la façon dont ils poursuivront leur tâche envers leur propre pays et envers les Alliés. Les dispositions dont le vicomte Motono, dans son discours du 23 janvier dernier, s’était déjà fait l’interprète à l’égard des Etats-Unis et de la Chine n’ont pu être que singulièrement confirmées et fortifiées par les événemens survenus depuis lors et par le fait que les Etats-Unis et la Chine se sont maintenant ralliés à notre cause commune. Il n’en aura qu’une autorité et une facilité plus grandes pour resserrer les liens entre les trois gouvernemens dont l’objet et l’œuvre consisteront, en secondant de tout leur pouvoir les efforts des Alliés, à préserver cette région du monde, non pas seulement pendant la présente guerre, mais après le rétablissement de la paix, contre un retour offensif de l’ennemi. Ce n’est pas d’ailleurs pour un jour et pour une seule campagne que la ligue entre les trois riverains du Pacifique doit s’être ainsi faite et constituée contre l’Empire insolent et jaloux qui, par la bouche de Guillaume II, avait successivement dénoncé le péril américain et le péril jaune : elle devra, au contraire, survivre à la victoire et réaliser ce qui a été, dès le début de l’ère de Meiji, le noble idéal de la révolution japonaise, l’union durable entre l’Orient et l’Occident.


A. GÉRARD.