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consultatif, de cinquante à soixante-dix membres, choisis dans la classe mandarinale ; au lieu de l’ancien Conseil des ministres, une sorte de Cabinet présidentiel, dans lequel les ministres n’étaient plus que les secrétaires du président ; enfin, une Cour suprême d’administration, chargée de contrôler la gestion des diverses classes de fonctionnaires. Yuan che kai avait, dans l’intervalle, quitté son ancienne résidence pour s’installer au Palais impérial, dans les pavillons mêmes qu’occupait à la fin de sa vie l’empereur Kouang-siu. Il avait cru devoir, comme les empereurs, présider lui-même, au Temple de l’Agriculture, aux sacrifices et aux cérémonies rituelles des saisons. Il avait fait épouser à une de ses filles l’ex-héritier du trône désigné pour régner. Il avait enfin fait ou laissé organiser dans tout le pays une vaste campagne de pétitionnement par laquelle le peuple était censé réclamer la transformation de la présidence en empire. Yuan devant être naturellement le chef de la dynastie nouvelle. Toute cette préparation savante, toute cette intrigue était, sinon conseillée, du moins encouragée par les représentans à Pékin de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, qui pensaient se faire les complaisans et les meneurs du nouveau monarque, et contrarier ainsi l’action du Japon et des Alliés qui avaient, au contraire, loyalement soutenu et assisté les débuts difficiles » de la République chinoise.

C’est à ce moment, au mois d’octobre 1915, qu’intervinrent le Japon et les Alliés, désireux d’éviter tout ce qui risquerait de troubler la paix intérieure de la Chine et l’équilibre de l’Asie orientale. Le gouvernement japonais, avec autant de tact et de modération que d’opportunité, fit remettre au gouvernement chinois, par son chargé d’affaires à Pékin, M. Obata, une Note fort bien conçue et rédigée, par laquelle, et sans vouloir s’immiscer dans les affaires intérieures du pays voisin, il s’attachait à montrer tout le danger que pourrait présenter une telle modification apportée au régime que toutes les Puissances avaient reconnu en 1913. Il donnait à la Chine le conseil amical de laisser les choses dans l’état, de ne pas réveiller l’esprit d’inquiétude, d’opposition et de désordre, de ne pas provoquer des troubles qui causeraient un dommage incalculable, d’abord au pays lui-même, mais aussi aux Puissances étrangères ayant des intérêts sur son territoire, et particulièrement au Japon qui se trouve en relations spéciales avec elle. Il ajoutait