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ensuite les principes, il serait indispensable qu’il y eût plus de stabilité dans la direction de ces services si importans. Malheureusement, c’est tout le contraire qui se produit. Nous avions, salué avec reconnaissance, le 29 mars 1913, la création d’un sous-secrétariat d’Etat de la Marine marchande, centralisant les divers services dont elle dépend et qui étaient, jusque là, dispersés dans de nombreux ministères. Les fluctuations politiques ont rendu bien difficile la tâche des titulaires chargés de ce mandat. Loin de nous la pensée de critiquer les cinq honorables députés qui se sont succédé au boulevard Montparnasse du 29 mars 1913 au 29 octobre 1915 : MM. de Monzie, Ajam, Guernier, Bureau et Nail ! Mais personne n’a la science infuse, surtout quand il s’agit d’une industrie aussi complexe que celle dont nous nous occupons, et c’est précisément quand le titulaire commence à avoir quelque clarté des multiples questions à résoudre qu’il doit quitter la place et la céder à un successeur dont l’éducation est entièrement à faire. S’il est impossible de convertir certains ministères ou sous-secrétariats d’Etat en postes non politiques, pourquoi ne placerait-on pas, à côté du sous-secrétaire d’Etat, un directeur non soumis aux mêmes changemens, un homme connaissant à fond les questions maritimes, ayant voyagé sur terre et sur mer et pouvant s’appliquer, avec compétence et esprit de suite, à la bonne marche de notre industrie nationale ? Nous ne voyons pas d’autre remède à la situation actuelle, encore que ce remède soit lui-même imparfait.

Telles sont les réformes qu’il nous paraît urgent d’opérer. Il en est une dernière, d’ordre moral, que je crois indispensable d’indiquer, quelque délicat que puisse être un tel sujet. Il faudrait que la majorité de la représentation nationale modifiât son état d’esprit, que le Parlement cessât de se faire le détracteur de l’armement, qu’il mît un terme à des accusations imaginaires qui faussent l’opinion publique et découragent les bonnes volontés. Au lieu de combattre l’armement et de lui reprocher de u gagner de l’argent, » le Parlement devrait, au contraire, souhaiter qu’il en gagnât plus encore, car les armateurs n’ont aucun goût pour la thésaurisation et ne demandent qu’à employer leurs bénéfices au développement de la flotte marchande et de la prospérité générale.

J’ai voulu poser devant l’opinion publique cette grave question