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confirma, appuya, conclut : « Nous sommes pour qu’on réponde à la Révolution russe, et pour que les conditions posées par elle-même soient acceptées. Nous demandons seulement des explications et nous pensons qu’on peut donner une acceptation de principe à la convocation. » Quelqu’un de la minorité interroge, à double fin : « Nos camarades russes nous demandent-ils de nous rendre à une réunion de l’internationale ? Nous demandent-ils d’aller à Stockholm ? » — A Stockholm, pense M. Moutet, pour y préparer une réunion de l’Internationale que désirent les camarades russes. La Conférence de Stockholm se limiterait probablement à des auditions séparées des sections nationales ou de fractions de ces sections, qui se côtoieraient, mais ne s’assembleraient pas. On se frôlerait sans se frotter. Les Russes paraissent être aussi de cet avis. Mais il n’y a encore rien de fait, et l’on ne sait pas bien.

Toutefois, voici qui est plus précis. En revenant de Pétrograd, les missionnaires se sont arrêtés à Stockholm, où M. Branting, président désigné, leur a remis un document qui porte la date du 19 mai et le titre de : Programme pour les discussions aux conférences préliminaires. Ce document est un monument, et, par la substance, sinon par le volume, toute une encyclopédie. Il est divisé en cinq chapitres. — I. Conditions de paix ; — II. Élémens fondamentaux des rapports internationaux ; — III. Réalisation politique de ces buts ; — IV. Action de l’Internationale et de la démocratie ; — V. Conférence socialiste générale. Chacun de ces chapitres, à son tour, se subdivise en plusieurs paragraphes, où il n’est pas un problème politique, juridique, économique qui ne soit soulevé. Là-dessus une controverse s’engage au sein du Conseil national, mais ce n’est pas qu’on juge le programme trop vaste ou qu’on se juge incompétent : on n’a pas de ces faiblesses. Bref, il est résolu, le lundi soir, qu’on ira à Stockholm pour Petrograd, à Pétrograd par Stockholm ; tous les chemins sont ouverts, et toutes les portes, d’entrée, de sortie et de rentrée. A l’unanimité, on a voté une motion dont l’essentiel tient en ces lignes : « Le Conseil national... accueille l’initiative des camarades russes, s’y associe pleinement et se joint à eux pour demander la réunion de l’Internationale ; décide en même temps l’envoi d’une délégation à Stockholm apportant dans les conférences préparatoires les vues de la section française pour une action commune destinée à préparer la paix selon les principes formulés par le gouvernement révolutionnaire et les socialistes de Russie. » Les mots ne sont pas mâchés, et la proposition finale est à retenir.