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PROPOS D’UN COMBATTANT

LA
GUERRE EN MACÉDOINE

En deux précédens articles [1] je me suis efforcé de décrire la physionomie de la « guerre mondiale » sur le front occidental. Des écrivains spécialistes, aussi éminens que nombreux, affirment que les traits principaux en sont désormais fixés. Martèlement intensif des fronts, ruée de l’infanterie au delà des tranchées nivelées sont les deux termes d’une sorte de binôme de Newton qui a pour limite « la certitude mathématique de la Victoire. » J’y consens. Je n’ai pas qualité pour prétendre que les formules n’ont qu’un temps à la guerre ; que Bellone aime les nouveautés et que, pendant les époques les plus célèbres de l’histoire militaire, les grands capitaines furent précisément ceux qui cessèrent les premiers d’appliquer des formules devenues désuètes. Je suis un trop obscur combattant perdu dans la foule des combattans pour oser prédire la victoire à celui de nos généraux qui, lui aussi, sortira le premier des sentiers battus et révolutionnera le premier la tactique ou la stratégie actuelles par une de ces attaques dont l’adversaire ne peut se préserver avec une parade et une riposte connues. Peut-être aussi n’aura-t-il qu’à développer à fond la maxime du général Pétain : « L’artillerie conquiert, l’infanterie submerge. » C’est que les canons rangés côte à côte, les munitions accumulées en

  1. Voyez la Revue du 15 avril 1915 : « La guerre en Flandre vue par un journaliste américain ; et du 15 juillet 1916 : « Propos d’un combattant. »