Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES CAPTIFS DÉLIVRÉS [1]
DOUAUMONT-VAUX
21 OCTOBRE — 3 NOVEMBRE 1916

I

Deux dessins de Forain résument dans un raccourci saisissant les deux phases de la bataille de Verdun. Comme un sculpteur, pétrissant la glaise, lui impose une forme, le grand artiste a tiré, de cette prodigieuse matière, les traits essentiels.

Le premier, dédié au général Pétain, ne contient qu’une pierre et qu’un mot. C’est une pierre kilométrique marquée : Verdun, devant laquelle gisent les vagues allemandes échouées,- Le mot, c’est : la borne.

Bis hier, Friedland, und nicht weiter... dit Schiller dans son « Wallenstein : » jusqu’ici, et pas plus loin.

Le second dessin est moins noir et moins sobre. Il est plein de mouvement et d’allégresse. Il s’appelle : La reprise du fort de Douaumont et porte en épigraphe le commencement du communiqué allemand du 26 octobre 1916 : L’attaque française, favorisée par un temps brumeux... Dessous, un soldat français, solidement ramassé sur la jambe gauche, envoie un magistral coup de pied dans le derrière d’un fantassin allemand qu’il expédie dans l’espace au delà du terrain reconquis. Comme légende : ... Et la brume se dissipa.

  1. Copyright by Henry Bordeaux, 1917.