Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les événemens qui se succèdent et pour ainsi dire s’accumulent sur presque toute la surface du globe fournissent à la chronique, en attendant l’histoire, une matière d’une masse et d’une densité telles qu’on ne sait plus comment l’aborder. Nous n’avions pu, la dernière fois, et en toute dernière heure, qu’annoncer d’une mention hâtive la victoire anglaise au Nord de la Scarpe : « la crête de Vimy enlevée, onze villages délivrés, plus de six mille prisonniers. » Dans les journées qui ont suivi, cette victoire s’est magnifiquement développée, et comme épanouie ; elle a fleuri et fructifié, malgré le printemps le plus maussade dont on puisse se souvenir. La Revue n’avait pas encore paru que ce n’était déjà plus de 6 000 prisonniers qu’il fallait parler, mais de plus de 11 000, avec plus de 100 canons, 60 mortiers de tranchée et 160 mitrailleuses. Aujourd’hui, le compte semble établi à plus de 14 000 prisonniers et 228 canons. Mesurons maintenant le succès sur la carte. L’armée britannique, par de glorieuses étapes qui s’appellent Neuville-Saint-Vaast, Carency, Souchez, Givenchy-en-Gohelle, Angres, a investi et occupé Liévin, inaugurant ainsi la reprise du pays minier, du pays noir, qu’elle a naturellement trouvé dévasté et ruiné comme le pays vert. Elle s’est avancée jusqu’aux portes de Lens, jusque dans Lens même, puisqu’elle tient la cité Saint-Pierre, et que, d’ailleurs, Liévin, Lens, les deux villes s’allongent en quelque sorte l’une vers l’autre, ne sont, ou n’étaient, avant l’invasion, qu’une seule ville. Par une pression simultanée, le maréchal sir Douglas Haig accentuait énergiquement la menace que, depuis plusieurs semaines, il dessinait contre Saint-Quentin. Ses troupes s’en approchaient par le Nord-Ouest et par l’Ouest, s’établissant progressivement sur une ligne qui, au Sud de la route de Bapaume à Cambrai, et à peu près parallèlement à la route de Cambrai à Saint-Quentin, part de Boursies, pour aboutir à Fayet et